L'Homme de Rio par pierrick_D_

Une statuette précolombienne est dérobée au Musée de l'Homme à Paris,et dans la foulée le professeur Catalan,spécialiste émérite de la civilisation Maya et qui avait ramené d'Amérique du Sud l'objet volé,est kidnappé.Sur ces entrefaites,le soldat Adrien Dufourquet,qui effectue son service militaire à Besançon,débarque à Paris pour une permission d'une semaine et rejoint sa fiancée Agnès Villermosa,dont le défunt père était le collègue et ami de Catalan.Mais à peine est-il arrivé que sa dulcinée est à son tour enlevée sous ses yeux.Poursuivant les ravisseurs,il ira jusqu'au Brésil où il vivra de trépidantes aventures.Après "Cartouche" en 62,voici la deuxième collaboration du réalisateur Philippe de Broca avec la star Jean-Paul Belmondo.Les deux hommes se retrouveront pour "Les tribulations d'un Chinois en Chine","Le magnifique" et "L'incorrigible".Le film est produit par le célèbre duo Alexandre Mnouchkine-Georges Dancigers,et le scénario écrit par de Broca,Daniel Boulanger,Jean-Paul Rappeneau et la théâtreuse Ariane Mnouchkine,fille d'Alexandre et future réalisatrice d'un mémorable "Molière".La musique est de Georges Delerue,la photo d'Edmond Séchan,rien que du beau monde.On a affaire ici à une tentative unique dans le cinéma français d'aventures exotiques en forme de BD colorée et mouvementée,à tel point qu'on se croirait dans un Tintin,on pense notamment très fort à l'album "Les 7 boules de cristal".Presque tout le film,en dehors de quelques scènes parisiennes au début et à la fin,a été tourné au Brésil,entre Rio de Janeiro et une Brasilia encore en construction en ce début des sixties.Le pays de la bossa nova y est magnifié,d'un Rio alternant plages ensoleillées,hôtels de luxe,favelas et maisons perdues dans la végétation luxuriante,et Brasilia au modernisme avant-gardiste impersonnel.Mais de Broca parvient à éviter le dépliant touristique tout en utilisant au maximum ses merveilleux décors,se concentrant sur la quête d'un garçon amoureux poursuivant éperdument sa chérie au bout du Monde.Il y a hélas quelques gros défauts car après un début intrigant et très réussi à base de vol d'objet d'art,de fléchettes empoisonnées et de rapts mystérieux,on assiste à une longue poursuite peu convaincante qui voit Adrien bénéficier de coups de bol à répétition tenant du Deus ex machina systématique.Agnès est embarquée en voiture?Qu'à cela ne tienne,une moto est pile à sa disposition pour la filer.On la fait monter en avion à Orly et il n'a pas de billet?Pas de problème,un handicapé en fauteuil roulant est à sa disposition,délaissé par son accompagnatrice.Il est paumé dans Rio?Pas grave,il sympathise illico avec un gamin cireur de chaussures qui le guide.Un tueur est à ses trousses?La chance veut qu'il puisse se planquer au milieu d'un troupeau de touristes disponible au bon moment.Il est contraint de fuir le bateau des malfaiteurs et a du mal à regagner la côte?Miracle,une skieuse nautique passe par là et le prend en stop.Il est traqué par des crocodiles dans un marais?Incroyable,un Français canote dans le coin,le sauve et l'emmène pile dans la taverne où se trouve le méchant de l'histoire,qu'on a d'ailleurs identifié depuis longtemps.Il doit suivre un avion?Ca tombe trop bien,un aviateur a laissé le sien sur le tarmac,moteur en route et sans surveillance.Cette dégueulade de heureux hasards et de formidables coïncidences devient à la longue indigeste,la partie la plus insupportable étant les séquences avec le môme qui cire les godasses,un hurluberlu à baffer d'urgence.Quand les scénaristes comprendront-ils qu'il ne faut jamais foutre de gosses au milieu de leur narration?C'est con,ça casse le rythme et ça affadit le propos.Heureusement le reste fonctionne bien,notamment les scènes aigres-douces entre Agnès et Adrien,parsemées de péripéties haletantes entre chasse au trésor,sbires à fuir,trahison inattendue,buildings en chantier,grotte à la Indiana Jones,chien méchant et résidence hi-tech.Belmondo confirme ici qu'il est plus un cascadeur qu'un acteur,ses grimaces débiles gâchant ses incroyables performances physiques,le mec ayant assuré quasiment toutes ses cascades,au point de se mettre réellement en danger.Le principal joyau du casting est la divine Françoise Dorléac,la soeur aînée de Catherine Deneuve tragiquement disparue trois ans plus tard dans un accident de voiture.Elle irradie l'écran en héritière sexy et capricieuse à la fois traquée et convoitée.L'excellent Jean Servais est parfait dans le rôle ambigu de Catalan,et quelques très bons seconds couteaux sont de la fête avec la belle Simone Renant en chanteuse de cabaret cupide,Roger Dumas en copain de régiment pas finaud,Daniel Ceccaldi en policier teigneux et l'Italien Adolfo Celi,l'antagoniste de James Bond dans "Opération Tonnerre",en businessman explorateur.Notes et critiques de films de Philippe de Broca publiées précédemment:"Le magnifique"-7,"Cartouche"-3.Moyenne:5,6.