Avril 1945. Ca sent le sapin pour le Reich, troisième du nom. Adolf est à Berlin avec tous les grands dignitaires nationaux socialistes quand on perçoit les premiers coups de mortier. On s'étonne d'abord. On passe des coups de fils, on interroge les lignes avancées : d'où proviennent ces tirs ? De loin, forcément : il ne peut s'agir que de tirs longues portées. Car comment imaginer que l'armée russe puissent déjà être aux portes de la capitale teutonne ?

Pourtant, l'état major doit se résigner : la menace est bien plus près qu'on ne le croyait. Adolf est furax. Le plus petit et le plus brun des aryens voit rouge (c'est le cas de le dire à l'approche des bolcheviques). Il insulte copieusement l'ensemble de ses généraux. Il vitupère, il fulmine, il tempête. Grave les boules !

Tandis qu'il sombre peu à peu dans la folie (en admettant que cet homme ait un jour été sain d'esprit), ses généraux commencent à calculer leurs chances. S'ils admettent tous que le Reich a perdu la guerre, certains pensent encore sauver leurs fesses. Et peut-être le Reich lui-même. Heinrich Himmler (un autre aryen petit, brun et chauve... presque typique), fidèle d'entre les fidèles, propose même de négocier la reddition de l'Allemagne contre le pardon du monde pour les quelques atrocités que les nazis auraient pu commettre par inadvertance. Y croyait-il réellement, ou voulait-il simplement s'entourer de dernières illusions ? Car il avait conscience de partager une haine commune avec les Alliés : celle du communisme. Pour Himmler, l'Allemagne pouvait à l'avenir garantir au monde de tenir Staline à distance. Le Reich devait survivre au conflit pour pouvoir contenir la folie expansionniste du Petit Père des Peuples. Entre fous furieux on se comprend.

Mais rien ne fonctionne. Hitler, que le mot capitulation fait vomir, entame une dernière chasse aux sorcières, prononçant de nombreuses exécutions pour un mot de travers. Les russes approchent un peu plus à chaque instant. Le staff allemand se calfeutre dans le bunker du chancelier. Et plus la menace se fait forte, plus la petite fête finale vire à l'orgie : alcool, tabac, musique. On s’enivre. On n'a plus rien à perdre. On n'a plus qu'à attendre la fin - qui ne saurait tarder. Beaucoup n'y résistent pas et choisissent le suicide. D'autres commettent leurs derniers assassinats comme le couple Goebbels qui ne souhaite pas que leurs six enfants grandissent dans un monde sans nazisme.

Un film terrible dont l'horreur, pourtant bien connue, me choque et me révulse à chaque fois. Le spectateur que je suis voit peu à peu Hitler se métamorphoser en petit vieux acariâtre, pourri de tics comportementaux. Et de constater une fois de plus la vénération sans borne que lui vouait son entourage : digne d'un fanatisme en faveur d'un chef religieux d'un mouvement sectaire quelconque.

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le 20 mai 2014

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