La cinématographie de Daria D'Antonio est splendide, et le cadrage, le montage et la musique la servent brillamment. Le résultat est donc un grand plaisir audiovisuel pour les amateurs d'esthétique.
En ce qui concerne le scénario, c'est basiquement un remake de La Dolce Vita refait pour l'idiocratie de 2013, et la prémisse du film est : "Voyez la grande beauté qu'il y a dans le narcissisme et le néant de la classe privilégiée dans laquelle j'évolue"
Alors, bien sûr, cette idiotie vous intéresse ou pas. Étant personnellement cinéphile, je compare bien sûr les deux versions, et je préfère la réalisation de Sorrentino à celle de Fellini. Je trouve Servillo tout aussi charismatique que Mastroianni, et je trouve que le montage, le son, le doublage, la musique, la photographie et la production sont ici largement supérieurs au classique de 1960. En ce qui concerne le scénario, les deux films sont des prétextes pareillement "half-baked" à une succession de poses et de scènes plus ou moins fantasques, mais la encore peut-être je donne l'avantage à Sorrentino pour avoir essayé de divertir le spectateur de scène en scène alors que Fellini se reposait entièrement sur sa propre image établie de Salvador Dali du cinéma-nouveau (ainsi que sur la critique toute prete a faire son panegerique).
Pour finir, compte tenu de ce qu'est devenue la production cinématographique aujourd'hui, j'ai trouvé le côté rétro du film plutot délassant. Mais l'éléphant sous le tapis, c'est que nous ne sommes plus en 1960 : l'existentialisme, la Nouvelle Vague, la croyance dans l'art moderne, le passe-partout de l'intellectualisme, le respect solennel de "l'auteurisme" tout aussi imbecile soit-il, tout ça est absolument anachronique aujourd'hui. Quel etudiant boutonneux aujourdhui tombera dans le panneau? Alors je crois que la seule facon de presenter une telle proposition aurait ete d'en faire un film "pastiche", une parodie qui fonctionnerait sur la nostalgie d'une epoqque revolue. Mais apparemment l'auteur prend son entreprise très au sérieux et ne fait pas du tout du second degré. Il aurait pu, pour justifier sa vision si ridiculement désuète, au moins situer l'action dans les années 50-60. Mais meme ca il ne l'a pas fait.
Donc c'est vraiment un film pour idiots sans discernement mais peu importe! Du au nombre très limité de spectateurs exigeants qu’on peut encore compter parmi le public en 2013, le film connu un immense succes de toutes facons!