Blockbuster bridé
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William et Pero,deux mercenaires européens de l'époque médiévale,arrivent en Chine pour y dérober la célèbre poudre noire,un explosif qui pourrait faire leur fortune.Ils sont capturés par l'armée chinoise et incarcérés dans une forteresse qui est bientôt attaquée par une multitude de monstres sanguinaires.Cette curieuse coproduction sino-américaine est réalisée par Zhang Yimou.Le cinéaste s'est rendu célèbre dans les années 90 avec des drames intimistes haut de gamme type "Le sorgho rouge","Ju Dou","Epouses et concubines" ou "Qiu Ju",avant d'évoluer au fil du temps vers un cinéma plus spectaculaire,versant dans le film d'art martiaux,le fameux Wu Xia Pian façon Tsui Hark,réalisant des hits du genre tels que "Hero" ou "Le secret des poignards volants"."La grande muraille" n'a pas obtenu le même succès mais le film vaut mieux que sa médiocre réputation.Mêlant action,Histoire et fantastique,Zhang propose un produit de haute volée.Le mec sait filmer et on voit qu'il a eu des moyens financiers.Du coup,le pognon se voit sur l'écran et on assiste à un déferlement enchanteur de décors magnifiques et déments,d'effets spéciaux bluffants,de costumes brillants,d'accessoires étonnants,de machineries compliquées,d'armes sophistiquées et de figuration étoffée.Le tout parfaitement orchestré par un Zhang inspiré qui multiplie les plans d'une beauté scotchante et les mouvements d'appareils chiadés et imparables.S'appuyant sur du numérique à la hauteur et un art consommé de la chorégraphie,il aligne des scènes qui ont toutes de la gueule.Nous plongeons au coeur de combats sauvages,nous assistons à de féérique envolées de lanternes ou de montgolfières expérimentales,les flèches fusent en bullet time,ou plutôt en arrow time,nous déambulons dans des pièces obscures où le danger rôde dans le sillage d'une caméra immersive.Ce pur plaisir formel est toutefois tempéré par un fond moins convaincant.Surprenant de voir,au Moyen-âge en plus,des européens et des chinois qui parlent la même langue et se comprennent sans problème.Quant au scénario,assez plat et classique dans sa structure,il semble avoir été victime de réécritures erratiques car beaucoup de situations paraissent inabouties et laissent le spectateur sur sa faim,à moins qu'il ne s'agisse de coupures intempestives au montage.Une opposition très simpliste est développée entre des occidentaux systématiquement cupides et pourris et des chinois forcément pleins de nobles sentiments.Il est d'ailleurs vite clair que le personnage de William,qui est au départ un voleur et un tueur sans foi ni loi,va évoluer au contact de ses hôtes,et surtout de la belle guerrière Lin Mae,pour devenir un type bien et un héros.Le film baigne constamment dans la naïveté et les simplifications propres à ce genre de ciné asiatique,et y ajoute certains clichés ricains,comme la manière dont les monstres sont vaincus.Il suffit,comme le font les yankees avec les extra-terrestres ou autres ennemis de l'Amérique,de neutraliser un organisme centralisé,en l'occurrence ici la reine-mère des horribles créatures.Si elle meurt,tous ses combattants meurent,ce qui est bien commode pour les humains qui seraient sans ça bien incapables de vaincre.Mais Zhang parvient à nous faire avaler ces défauts en ne s'appesantissant pas trop sur le scénario.Il maîtrise un rythme soutenu sans être hystérique et envoie d'euphorisants morceaux de bravoure,comme la bataille initiale qui rappelle l'affrontement final du "Seigneur des anneaux" dans "Le retour du roi".Les comédiens,chinois comme amerlos,sont tous excellents,même Matt Damon,bien au-dessus de son niveau habituel.Pedro Pascal,encore un échappé de "Game of thrones",et Willem Dafoe,qui joue comme d'habitude un salopard,font parfaitement le job.Côté main d'oeuvre locale,on remarque le grand Andy Lau en vieux sage,et surtout la très charmante Jing Tian,qui s'affirme comme la nouvelle Zhang Ziyi.
Créée
le 17 sept. 2019
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