"Alors je te reverrai dans les films."
Séance au cinéma que j'attendais le plus, il est toujours bouleversant pour moi de revisionner ce chef d'œuvre qu'est La La Land. Impossible de rester indifférent face au plus bel hommage fait au cinéma, aux musicals, et à l'amour mouvementé par les passions de chacun.
Au-delà d'une simple romance, c'est une lettre d'amour que Damien Chazelle fait à tous les artistes touchant de près ou de loin au 7e art et à la musique. Hommage à l'âge d'or d'Hollywood au travers de lieux mythiques, à l'art du jazz entraînant et débordant d'énergie et à la nécessité de se forger de passions, La La Land est une parenthèse enchantée dévastatrice à laquelle il est difficile de rester insensible. Le duo de protagonistes offre une dualité qui m'attire et me correspond, à un tel point que je n'arrive pas à savoir auquel des deux je m'identifie le plus.. D'un côté, Sebastian me ressemble par son amour entier à sa passion, le jazz, à tel point qu'il ne fait qu'en parler par besoin pathologique (évidemment, dans mon cas, ce serait le Cinéma ahah.) D'un autre, je me sens un peu comme Mia, ayant cette envie de vivre de ma passion, en racontant les histoires qui me sont les plus chères. Ce duo reste réuni par la flamme qui anime leurs envies respectives, bien qu'il semble difficile de s'associer lorsque les rêves divergent : faut-il alors prioriser l'amour ou ce que l'on aime ? faut-il se taire sur nos passions ou partager tout ce que l'on pense quitte à ennuyer l'autre ? Ces dilemmes autour du dialogue dans l'unité conjugale me bouleverse à chaque fois, me tenant par la main jusqu'à me propulser vers ce final tout simplement déchirant. Au sein de cette écriture d'une richesse impressionnante, chaque réplique touche juste, faisant rayonner les deux personnages principaux par leur naturel, la sincérité émotionnelle qui en émane, et leur énergie contagieuse pour réussir dans ce qui leur tient le plus au monde. Finalement, je ne suis si un Sebastian obnubilé par sa passion ou une Mia sentimentale déchue : mais un entre-deux, perdu face aux voies devant lui ; mais réconforté par ces personnages résonnants avec mes deux grandes perceptions de la vie.
Si les personnages sont si purs, c'est grâce à un casting au sommet. Si Ryan Gosling est d'un naturel sincère et touchant, c'est véritablement Emma Stone qui lui vole la vedette tout du long. Oscarisée à très juste titre, elle propulse le personnage de Mia vers cette femme complexe au milieu de tous ses rôles. Mais c'est lorsqu'elle parle d'elle-même, de ce qu'elle ressent, que sa vraie personnalité se révèle, offrant une émotion rarement captée au cinéma. La scène de l'audition me transperce à chaque fois, tandis que les regards que le duo se partagent sur des répliques comme "Je t'aimerai pour toujours." me brisent. Leur complicité alchimique dépasse l'entendement pour former l'un des couples les plus emblématiques du cinéma désormais. Le caméo d'autres acteurs comme J.K. Simmons fait toujours plaisir, apportant des petites références aux chouchous du réalisateur.
En parlant du réalisateur, Damien Chazelle déborde toujours autant de passion pour ce qu'il fait, et le résultat est toujours aussi plaisant. Ce que je préfère reste les petites références plus ou moins camouflées au cinéma des années 40 à 60. Que ce soit cité comme Casablanca, diffusé dans le film même comme La Fureur de vivre, ou implicitement montré au travers de références scéniques comme la neige artificielle ou le regard final des Parapluies de Cherbourg : le réalisateur maîtrise son époque, il connaît son sujet et nous y renvoie continuellement sans nous forcer la main. Au-delà de cela, l'amour du cinéma et de la musique est plongé dans une atmosphère unique, au milieu de Los Angeles. Au travers d'une caméra rythmée suivant chaque mouvement ou pas de danse des personnages, je me suis retrouvé plongé dans leur histoire, suivant de près chacun des protagonistes. Ébloui par l'environnement industriel cinématographique, j'apprécie surtout être époustouflé par le ciel crépusculaire, en osmose totale avec les personnages. Harmonie entre les deux jusqu'à la déchirure finale, chaque tonalité colorimétrique utilisée est un miroir de leurs sentiments. Lorsque le tout est sublimé par des saisons spéculaires : le résultat ne peut que me séduire, me renvoyant sans cesse au cinéma de Jacques Demy. La composition musicale, signée une nouvelle fois par le grand Justin Hurwitz est un régal : mélangeant le chanté du cinéma et le fond du jazz, c'est la rencontre des passions de Mia et Seb qui donne naissance à cet ensemble si alchimique et résonnant avec l'œuvre. Chaque élément mis bout à bout forme l'une des plus belles déclarations d'amour au Cinéma, à la musique, et surtout à la passion de ceux qui en sont adeptes ; jusqu'à culminer dans une séquence finale à couper le souffle.
Sans surprise, La La Land s'impose comme un de mes films préférés, plaque tournante dans mon histoire de cinéphile et séance magistrale que je ne suis pas prêt d'oublier. Me faisant maturer à chaque visionnage, le film me parle personnellement, ravivant ma passion pour le Cinéma, mais me freinant juste assez pour m'arrêter et contempler les sentiments humains que j'éprouve. Entouré de nombreuses personnes qui me sont chères pendant cette séance, ce chef d'œuvre me permet de les adorer encore plus, tout en poursuivant de penser continuellement à cette passion qui m'amine. Vivre d'amour et de films : c'est là ce que La La Land me pousse à faire, et c'est la plus belle rencontre d'esprit et de cœur qui puisse exister. Je n'ai pas de mot précis pour qualifier cette sensation dévastatrice mais formatrice que me procure le film : juste merci Damien Chazelle pour ce feu d'artifices émotionnel. <3