Des mois et des mois d'une attente croissante et merveilleuse m'ont séparés de la vision des deux films de Damien Chazelle, réalisateur et mélomane de génie. J'ai vécu chaque étape à distance, jusqu'au remplacement de Milles Teller par Ryan Gosling, finissant de me mettre l'eau à la bouche. Je me rendais à l'avant première, sourd au grondement grandissant qui faisait déjà triompher le métrage.
*La première scène, plan séquence incroyable, donne le ton d'un film incroyablement coloré et jovial. Pourtant, elle n'a pas fonctionné sur moi, vaguement dérangé par cet hommage multiethnique trop appuyé ainsi que l'utilisation du plan séquence, toujours très prétentieux. Un pincement au coeur, je m'apprête alors à voir un "Feel Good Movie" apprêté. Il n'en sera rien.
Cet accueil fanfaron terminé, nous entrons immédiatement dans le vif du sujet, avec la présentation de ce duo que nous ne quitterons plus. Leurs rêves, leurs tourments nous sont présentés habilement, en suivant alternativement une partie de leurs deux parcours, chacun marqué par leur rencontre.
Cet artifice est bienvenu, parvenant à lancer avec brio le film : deux trajectoires coïncident, un court moment, sans que nous quittions jamais de vue les chimères de chacun, qui se révèlent plus fortes que tout pour nos deux rêveurs.*
Les couleurs, la magie des lumières et des chants, la naissance de l'Amour détournent un certain temps spectateur comme protagonistes du vrai sujet : la poursuite des rêves et leurs aboutissements.
Comme un miroir, La La Land, dévoile alors ses véritables atouts en nous renvoyant à nos propres utopies personnelles, à travers ses personnages aussi communs que l'on peut l'être, et à qui il est aisé de s'identifier.
Le duo d'acteurs s'amuse et démontre une nouvelle fois leur immense compatibilité, ils sont tout bonnement merveilleux et mériteront leur statuette.
ôde à la liberté, véritable pari structurel de mélange des genres, Damien Chazelle nous offre une pépite, un plaisir des yeux et du coeur, tendrement mélancolique. On en sort changé, au plus profond, la mâchoire béante et des étoiles plein les yeux, mais aussi en profonde introspection.
Que dire finalement d'un tel chef d'oeuvre hormis qu'il m'a bouleversé ? Que vous conseiller de plus que d'aller le voir, le revoir encore et encore dans une belle boucle éthérée.