Neuf ans après le Détective privé de Jack Smight, Newman prête à nouveau ses traits à Lew Harper et trimballe sa dégaine pépère dans le bayou louisianais. L'enquête, aussi tarabiscoté que dans le précédent opus, mélange conflits familiaux, héritage juteux, sous-sol pétrolifère, adultères et bien évidemment meurtres. A l'instar du Crabe aux pinces d'or, l'album d'Hergé, dans lequel on se fiche pas mal de savoir qu'il y a de l'opium dans les conserves de crabe puisqu'on y rencontre le capitaine Haddock, ici on se fou pas mal du pourquoi du comment de l'affaire du moment que c'est Newman qui mène l'investigation. Alors on le suit ramer dans son enquête, éviter les balles, se sortir des pires situations ou bien lever les nanas. Et sans broncher. Parce que c'est Paul tout simplement. Et que le personnage lui sied à merveille.
Le rôle du justicier freelance sans port d'attache et voyageant léger (pardon la vérité l'intéresse davantage que la justice à vrai dire) mais cool et débonnaire sous ses airs de dur à cuire est en effet la définition même du personnage Newmanien et n'a cessé de jalonner la carrière de l'acteur. Une sorte de Steve McQueen un brin plus causant, plus charmeur et plus drôle. Un cowboy cool des temps modernes quoi.
Comme d'habitude avec Stuart Rosenberg, très habile faiseurs pas dénué de talent et que je trouve assez sous-estimé, ce n'est pas un chef d’œuvre mais c'est diablement efficace et drôle. Je ne saurai expliquer quoi ni comment mais il a toujours su faire transparaitre dans ses films un petit quelque bout de son époque et de son pays. Par ses cadrages ou le montage peut-être. Sa mise en scène était toujours très évocatrice et servait d'avantage l'ambiance et l'esprit du scénario que son récit. C'est là que résidait essentiellement son talent je trouve. Il pouvait même s’avérer virtuose et s'improviser maitre du suspens quand il le fallait, comme dans cette scène, le morceau de bravoure du film, dans laquelle Newman et la femme du bandit, prisonniers dans un salle d'hydrothérapie, luttent contre l'eau qui monte. Outre être un modèle de suspens, cette scène digne d'un James Bond, a l'énorme pouvoir de vous donner envie de nager. D'ailleurs j'y vais.
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