Cadeau en ces jours sombres par un homme éclairé

James Stewart outrepasse tous les niveaux de la Classe ! C'est la première chose à laquelle je pense en me remémorant mon petit visionnage de hier soir. Ma pochette de DVD bénissait "It's a wonderful life" de mille compliments ; et la note moyenne selon mes éclaireurs était de 9,7. Je ne pouvais décemment pas attendre noël.
Alors c'est l'histoire de James Stewart qui, en plus d'être le type le plus classe du monde est aussi le plus sympa, le plus compréhensif, bref : le plus humain. Face à lui, Lionel Barrymore, l'homme "le plus méchant de la ville" comme le décrit la narration. C'est marrant parce que plus Barrymore vieillit, plus il a l'air méchant. Sur le chemin de Stewart, Donna Reed, dont je ne suis pas fan, mais qui reste magnifique.
Avec ça, on nous ajoute quelques seconds-rôles tous sympathiques, un décor de petite ville Américaine qui lutte contre la décadence et on a tout ce qu'il faut pour arriver au chef d'oeuvre.
Le film est fortement manichéen et les dosages sont loin d'être égaux. Le film vieillit dans ce sens où aujourd'hui, tout peut paraître beaucoup trop gentil. On ne croit plus en l'homme comme le faisait Capra. C'est triste, mais le film sera sûrement très agaçant pour beaucoup. Et je ne parle même pas de l'aspect religieux.
Pourtant, lorsqu'on regarde le film d'un point de vue plus analytique, on remarquera la justesse des rôles, on s'émerveillera de la beauté des plans ; de leurs significations ; de leurs justesses ; on appréciera la capacité du film à transcoder l'humanisme et à nous le retourner sous forme de divertissement.
Si on le regarde de manière moins technique, on pourra toujours aimer les acteurs (James Stewart bordel !) ; s'amuser du scénario encore léger, et surtout, retrouver le contexte de l'époque : Le crash boursier tourné en événement utopique, la seconde guerre dont on masque l'horreur par les aspects héroïques... Evidemment, ce positivisme peut enrager. Mais je pars du principe que ça ne fait du mal à personne, et la bonne humeur, paraît-il, c'est meilleur pour la santé ; alors je ne vais pas m'insurger. Même si parfois, ça va loin.
Je tiens à étendre un peu le paragraphe du contexte ; il me paraît essentiel. Le film sort en 47-48 ; soit dans une période emprunte de doute sur l'humanité. L'Europe n'est pas encore dans le dynamisme des 30 glorieuses ; on souffre encore ; la seconde guerre a montré la sauvagerie humaine, le tout ponctué par les deux bombes (une manquante pour ne pas laisser présager l'avenir... , une de trop pour marquer l'histoire d'un point final.) Dans un monde plein de doutes, Capra garde sa croyance humanisme, allant même jusqu'à l'utopie. Dans un monde lourd de morosité, la bouffée d'air frais de Capra, de simplicité, de sympathie et j'en passe, ne peut que redonner le sourire. Le film faisait oublier à son public tous ces malheurs ; il était sans doute plus important que jamais d'être optimiste et utopiste ; Capra l'a compris et a agi.
Remis dans ce contexte, arborant une réalisation de génie, ce film reste un classique qui mérite d'être vu, même aujourd'hui, même si l'on est pessimiste - surtout si l'on est pessimiste. ça vous agacera sans doute, mais, avec le temps, vous finirez quand même par sourire.
Et vous ai-je mentionné que James Stewart est époustouflant dans ce film ?

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le 18 oct. 2013

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LeCactus

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