Du tandem Cattet & Forzani, j'avais déjà vu "Amer". Une expérience visuellement réjouissante, reproduisant l'esprit du giallo, mais manquant cruellement de scénario. Le couple garde son amour immodéré du cinéma italien rétro, avec "Laissez bronzer les cadavres", adaptation d'un roman de 1971 (!).
Cette fois, il y a une intrigue ! Des criminels braquent violemment un fourgon en pleine Corse ensoleillée, puis se réfugient dans la villa en ruine d'une hôtesse délurée. Mais les 250 kilos d'or vont attirer des convoitises, et entre des invités surprise et la police qui débarque, ça va chauffer.
"Laissez bronzer les cadavres" est sur la forme très soignée. Le montage sonore est aux petits oignons, entre les coups de feu, et tous ces vêtements en cuir qui couinent à chaque mouvement.
Côté visuel c'est superbe. Le film a été tourné dans un 16mm argentique estival, on sent la chape de plomb solaire autour de l'intrigue, et la sueur ambiante. Tandis que le découpage, le choix des plans, propose constamment des idées de mise en scène. Des couleurs et des séquences psychédéliques inspirées du giallo. L'ambiance nihiliste évoque le poliziottesco, d'ailleurs l'aspect caniculaire, entre-soi, et déliquescent font furieusement du pied à "Cani arrabiati" de Mario Bava. Et les plans sur les visages ou l'environnement désert rappellent évidemment les westerns spaghettis. La musique pioche d'ailleurs allègrement dans le cinéma italien des années 60/70.
Par contre, on est loin à mon sens du petit bijou. En cause, quelques maladresses. Notamment le montage parfois trop rapide, et les micro allers-retours dans le temps autour des fusillades, souvent surfaits. De plus, le dernier acte tend à partir en vrille. Je n'ai rien contre les expérimentations, mais là j'ai un peu l'impression que les réalisateurs voulaient finir avec de l’esbroufe, histoire de.
Une tentative pas encore totalement aboutie donc, mais ça fait tout de même plaisir de voir du cinéma francophone faire ce genre de proposition.