Haaaa les ordinateurs.


Je devais avoir 12 ans quand j'ai commencé à aller dessus. C'était pour jouer à des jeux sur disquettes. Je me souviens d'un tetris qui dévoilait une photo érotique une fois le stage terminé. Je me souviens aussi de Goblin, de Prince. Après quoi les machines ont évolué un sacré coup. C'est à mes 15 ans que mes parents ont acquis une ligne internet. Je me souviendrai toujours, comme tous ceux de ma génération je pense, du bruit de connexion. Un bruit magique. Et puis cette connexion si lente.


Si je repense à tout ça, c'est parce que le début du film s'y prêtait : des hommes créent une machine de rêve, l'utilisent en espérant passer un bon moment, et en quelques minutes, tout vire au cauchemar. Ce sentiment, je l'ai ressenti alors que je me suis connecté à un site porno payant sans le faire exprès. J'ignorais que ça allait être payant. J'ai compris juste après avoir entendu le son de la connexion. Et là j'ai su que ça serait sur les factures... Ce qui devait être un rêve est devenu un cauchemar. Le pire, c'est que je n'ai même pas profité du site. Mais attention, le cauchemar ne s'est pas terminé ce jour-là.


À la fin du mois, ma mère a reçu la facture d'internet ; elle m'a demandé si j'avais appelé à l'étranger car il y avait un drôle de numéro. J'ai dit que je ne savais pas. J'ai préféré me taire, honteux que j'étais. Ma mère n'en est pas restée là, forcément, vu le prix de la communication, même si ce n'était que quelques secondes, elle voulait savoir. Je ne sais pas comment cette conversation téléphonique s'est déroulée, mais 10 minutes plus tard j'ai entendu ma mère revenir vers moi, avec un pas très lourd. Elle m'a dit que c'était une ligne rose, que donc, j'avais été sur internet pour voir du porno. Elle était très fâchée. Elle s'est mise à fouiller mes étagères dans ma chambre ; je pense qu'elle craignait de trouver une collection de magazines porno ou que sais-je. Après cela, elle est redescendue, mon père lui a demandé ce qu'il se passait ; là non plus je n'ai pas entendu la conversation (ma mère a une voix basse), mais après quelques minutes de ce qui devaient être des explications, j'ai entendu mon père rigoler. Nous n'avons plus jamais reparlé de cet épisode.


En tous cas, ce film démarre bien. Très bien même. L'idée est géniale, traitée brillamment. Après une demi-heure, ça décline un peu. On tombe dans le thriller un peu plus classique. Les conflits sont toujours là, mais le traitement est moins original, moins surprenant ; disons que l'ordinateur est moins bien exploité pendant cette seconde demi-heure, qu'on s'attarde un peu trop sur les humains. On a même droit à une sous-intrigue amoureuse (c'est très léger, mais quand même, c'est dommage d'avoir fourré ça là-dedans). La fin reprend du tonus, la narration est à nouveau dense, riche, intelligente. Par rapport à "Demon Seed", je regrette que cet ordinateur-ci ne soit pas mieux délimité narrativement. La frontière entre la connaissance et la conscience est assez floue, c'est vrai, mais à plusieurs reprises, j'ai eu l'impression que cette machine agissait comme un humain, avec ses coups de chaud, ses caprices, ses bêtises. Je suis d'ailleurs curieux de savoir ce qu'il se passe dans la suite (qui n'a pas été adaptée, qui n'existe qu'en bouquin). En même temps, cela nourrit le discours philosophique du film et je suis sûr que l'on pourrait facilement débattre sur la question durant des heures entières.


Les thèmes traités m'ont plutôt plu. Des hommes qui créent un ordinateur qui les dépasse, ça me fascine. Surtout quand les auteurs savent se montrer jusqu'au-boutistes.


La mise en scène est simple mais super efficace. Quelques mouvements et zooms brusques, nerveux, pour accroître la tension de certains passages, mais le reste du temps, c'est assez minimaliste. Apparemment, l'équipe a utilisé de vrais ordinateurs la plupart du temps, plutôt qu'un écran qui clignote. Ce qui fait que le département son a dû s'adapter pour enregistrer les dialogues, mais qu'il a aussi fallu prévoir des ventilateurs pour que toute cette machinerie ne surchauffe pas. Je ne sais pas trop pourquoi les techniciens ont fait ce choix, surtout qu'au final, ce que l'on voit de Colossus n'est jamais qu'un prompteur... mais j'imagine que c'était cool de défendre le film de la sorte. Les décors sont d'ailleurs très réussis. Les acteurs sont bons. Un choix judicieux que d'avoir refusé de grands noms. Cela donne un côté plus intimiste. Y a la scène de nus aussi qui est marrante. Disons que j'aime bien quand les réal se cassent la nénette pour censurer les zizis et les foufounes avec des objets (la bouteille semble revenir le plus souvent). La musique minimaliste fonctionne assez bien avec le thème de l'ordinateur.


Bref, un thriller assez prenant, assez fun. Ah, je vois qu'un remake est en préparation, mais pas encore de date annoncée. Qui le fera ? Quel genre de traitement ? Est-ce que la suite sera aussi portée à l'écran ? Mmmmmmmmmh ! Allez, sur ce, il est temps d'aller sur un site porno !

Fatpooper
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le 13 avr. 2015

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Fatpooper

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