« Skipper, believe it or not, there's a little Kong ! » CARL DENHAM

Après le succès du King Kong de 1933, la RKO entreprit en secret le tournage d’une suite destinée à un spectacle pour les fêtes de Noël de la même année. Forcément, le tournage et la préparation de ce film durent se faire rapidement et dans un budget serré : 290.000$ pour la suite contre environ 600.000$ pour King Kong.

C’est la même équipe qui reste en place pour cette suite, mais avec un effectif amoindri. Ainsi, par exemple, Ruth Rose (la femme de Ernest B. Schoedsack) se retrouve seule à l’écriture alors qu’elle était aidée par James A. Creelman dans le premier.

À la réalisation, Ernest B. Schoedsack revient aussi seul, tandis que son compère Merian C. Cooper se content de produire le film. Max Steiner revient à la musique et Willis O’Brien revient aussi à son poste de directeur des effets spéciaux.

Son of Kong sort donc à la fin de l'année 1933, huit mois après la sortie de King Kong. Mais sortie trop rapidement dans le succès du film originel au box-office, cette suite ne connut qu'un succès très modeste.

Ruiné par la mort de Kong et les dégâts qu'il a causés à New York, le cinéaste Carl Denham, s'enfuit avec le capitaine Englehorn. Un certain Nils Helstrom provoque l'incendie d'un cirque ambulant et la mort de son propriétaire, dont la fille, Hilda, s'embarque clandestinement avec les deux hommes sur un navire à destination de Skull Island. Arrivé sur l'île, Nils Helstrom fomente une mutinerie et l'équipage débarque de force Denham, Englehorn, Hilda et quelques hommes, puis Nils Helstrom lui-même. Denham et Hilda sauvent la vie d'un gorille géant pris dans des sables mouvants. C'est le jeune fils de Kong, et il va les protéger des animaux préhistoriques.

Avec le manque de budget, une bonne partie du film est ainsi consacrée aux préparatifs du voyage plutôt qu’à l’exploration de l’île elle-même. Une exploration qui souffrira inévitablement de la comparaison avec son aîné : là où dans le film précédent, tout un équipage explorait une île aux décors variés et peuplées de nombreuses créatures menaçantes, ici, quelques hommes resteront dans la même zone et ne rencontreront qu’une dizaine d’indigènes et quelques créatures.

La réduction du budget se ressent donc tout particulièrement lors de cette seconde partie, bien moins spectaculaire que dans le film originel, jusqu’à l’apparition du fameux singe géant, un monstre bien moins imposant que son père et qui présente la caractéristique d’être recouvert d’une fourrure blanche. Contrairement à son géniteur, le fils de Kong est un gentil gorille qui passera son temps à aider et à sauver les héros, affrontant quelques créatures et multipliant les mimiques amusantes en direction du spectateur. Cela ne suffira hélas pas à nous offrir de véritable scène marquante, d’autant que le film n’offre que peu de suspense concernant le sort des différents protagonistes.

Le plus dommageable reste les maquettes et les effets spéciaux de Willis O'Brien n'intervenant que dans les trente dernières minutes, mais heureusement avec tremblement de terre, monstre marin et autres catastrophes.

Robert Armstrong revient dans le rôle de Carl Denham, plus discret dans le premier film Franck Reicher revient aussi dans le rôle du Capitaine Englehorn. Le reste du casting est inédit et n’apporte malheureusement rien. Tout particulièrement le nouveau rôle féminin tenue par Helen Mack qui n’a pas grand chose pour faire briller son personnage.

L’atmosphère de Son of Kong est bien différente du King Kong, l’aspect dramatique disparaissant presque totalement au profit d’un récit d’aventures bon enfant mêlant romance, humour et léger exotisme. On ne s’étonnera donc pas que cette suite, rapidement réalisée avec un budget moindre (même si les effets spéciaux conservent toujours ce charme si particulier) pour surfer sur le succès de King Kong, soit restée écrasée par l’aura de son aîné, infiniment plus réussi.

StevenBen
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le 7 avr. 2024

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Steven Benard

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