En 1977, le producteur Don Simpson de Paramount Pictures imagine un scénario sur un flic de Los Angeles transféré dans les beaux quartiers de Beverly Hills. Il engage Danilo Bach pour écrire le script. En 1981, Bach présente son idée à Don Simpson et Paramount. Intitulée Beverly Drive, son histoire tourne autour d'un policier de Pittsburgh nommé Elly Axel.
Daniel Petrie Jr. est ensuite chargé de réécrire le scénario. La Paramount apprécie son approche plus humoristique et son personnage principal, renommé Axel Foley est désormais originaire de Détroit. Le producteur Jerry Bruckheimer propose d'abord ce rôle à Mickey Rourke. Cependant, à la suite de nouvelles réécritures, le projet prend du retard et l'acteur quitte le projet.
Le scénario est ensuite envoyé à Sylvester Stallone, qui réécrit le script en ajoutant une touche dramatique et en le recentrant sur l'action. Dans l'une des versions écrites par Sylvester Stallone, le personnage de Billy Rosewood est tué au milieu de l'histoire. Il renomme également le personnage principal en Axel Cobretti, le personnage de Michael Tandino devient son frère et Jenny Summers devient sa petite amie. Cependant, toutes ces idées sont jugées trop coûteuses par la Paramount. Stallone quitte donc le projet, à deux semaines du début du tournage. Sylvester Stallone réutilisera nombre de ses idées pour le film Cobra, sorti en 1986, dans lequel un personnage se nomme Marion Cobretti.
Le métrage est alors proposé à Martin Scorsese qui n’est pas intéressé, avant d’échouer dans les mains de Martin Brest, un réalisateur plus modeste ayant surtout collaboré au mythique Saturday Night Live. Avant d’être engagé, Martin Brest avait été renvoyé du tournage de WarGames sur lequel il avait énormément travaillé. Il en repartit avec quelques idées sous le bras, notamment pour la construction du commissariat de Beverly Hills.
C’est notamment sur les plateaux du Saturday Night Live que le réalisateur croisa Eddie Murphy qui devient naturellement le nouveau prétendant au rôle de Axel Foley. Il faut dire que le comique est alors en pleine ascension après les succès rencontrés par deux comédies destinées à devenir culte : 48 Hours de Walter Hill et Trading Places de John Landis.
Beverly Hills Cop peut enfin sortir en salle en 1984, grosse année du cinéma américain.
Martin Brest, conscient de la puissance comique de sa jeune star, a le grand mérite de le laisser improviser la plupart de ses dialogues. Il fait de même avec le duo de flics qui l’accompagne. Il est aujourd’hui de notoriété publique que la plupart des scènes entre Eddie Murphy, Judge Reinhold qui incarne l’inspecteur Rosewood et John Ashton qui incarne l’inspecteur le sergent Taggart ont été largement improvisées, de façon à dynamiser le dialogue. C’est encore de nos jours cette formidable dynamique du trio qui fait tout le charme de cette comédie policière au scénario très classique, mais dont la cool attitude fait toujours effet.
Martin Brest signe l’une des introductions les plus efficaces qui soit en tournant une impressionnante course-poursuite où un semi-remorque détruit un nombre considérable de véhicules dans les rues dévastées de Detroit. A une époque où les effets digitaux n’existaient pas encore, on reste profondément admiratif devant l’imposant travail des cascadeurs. La logistique mise en œuvre demeure encore de nos jours impressionnante. On peut d’ailleurs regretter que la fin du film n’atteigne jamais l’intensité de cette introduction peut-être trop effrénée. Toutefois, le spectateur est immédiatement plongé dans une ambiance survoltée, aussitôt relayée par la tchatche inénarrable d’un Eddie Murphy au meilleur de sa forme. Ses interventions sont toujours hilarantes et sa présence physique s’impose d’elle-même, comme si le personnage de Axel Foley avait été créé spécialement pour lui.
La suite du film est dans doute plus banale à cause d’un script un peu trop balisé (il s’agit d’une éternelle histoire de vengeance personnelle sur fond de trafic de drogue), mais toutes les séquences sont sublimées par l’alchimie entre tous les acteurs. L’humour n’est jamais méchant, mais toujours malicieux.
Comme il faut toujours un bon méchant dans ce type d’histoire, signalons l’excellente prestation de Steven Berkoff, totalement convaincant en marchand d’art dissimulant en réalité un truand au consortium international épaulé par Jonathan Banks comme bras armé. Et n’oublions pas les autres comédiens comme Lisa Eilbacher ou les autres flics participants à la bonne humeur du long-métrage.
Enfin, on ne peut évoquer ce film sans citer le fameux thème musical de Harold Faltermeyer, compositeur allemand de musique électronique qui a signé quelques bandes originales culte des années 80. Si le thème principal a pris quelques rides par son usage immodéré des boîtes à rythme, il faut avouer l’immédiate efficacité de cette musique au thème immédiatement identifiable.
Film emblématique des années 80, reconnaissable entre tous grâce au fameux thème de Harold Faltermeyer et à la dégaine cool de Eddie Murphy, Beverly Hills Cop est la comédie policière dont le comédien ne se sera jamais détaché. Légère et rigolote, rythmée, cette récréation ensoleillée ne visait pas les Oscars mais un succès public. Ce qu'elle a obtenu.