Troisième volet de la trilogie des appartements (Rosemary's baby, Répulsion étant les deux premiers), oú règnent l'étrange, voire le surnaturel, les névroses et la paranoïa.

Le Locataire est construit comme un jeu de mirroirs oú ceux-ci, mais aussi les verres et le verre, en tant que matière, ont un rôle symbolique et technique important. Et le compositeur, Philippe Sarde (qui apparait dans la salle de cinéma, observant Polanski et Adjani s'embrasser, le coquin...) l'a bien compris : motifs musicaux cristallins, glassharmonica... l'atmosphère du film lui doit beaucoup.


Rosemary n'était pas folle et avait raison contre tous, ici, c'est le contraire : les 2 films se répondent en écho. Et c'est bien le propos du Locataire : un glissement vers la folie. Polanski a profité de deux éléments techniques qui ont excité sa créativité : la caméra LUMA IV et le fabuleux décor créé en studio, oú pas un détail ne manque et où même les ferronneries des balcons sont en métal. Bluffant.

Le résultat est brillant : scénario impeccable (Brach est corédacteur), virtuosité technique, inventivité (la chambre déformée façon van Gogh), humour partout présent, labyrinthe intellectuel, film à énigmes.... Polanski réussit à faire naître le bizarre, l'étrange, l'inquiétant grâce à des plans magistraux ou des détails remarquablement mis en exergue.

L'humour certes, le ludique, mais aussi l'audace de certaines scènes (notamment celles tournant autour du travestissement) font prendre conscience que Polanski était en avance sur son époque. L'échec critique et commercial était compréhensible.

Une myriades d'acteurs français apparaissent dans des seconds rôles tous très bien écrits, avec une Isabelle Adjani belle à se mettre à genoux. Les acteurs américains formant l'équipe des "monstres" de l'immeuble. À ce propos, j'ai une préférence pour la version française, fort bien soignée.


Je ne vous cache pas mon enthousiasme.

Lord-Bullingdon
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le 1 nov. 2025

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Lord-Bullingdon

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