Portrait réaliste et hilarant d'un baroudeur animé par le souvenir de La Colline des Coeurs Brisés

Le mélange de virilisme et d'autodérision des films de Clint Eastwood avec Clint Eastwood est fréquent dans ses films de cette période et ici il est excellent, particulièrement drôle.

C'est un hommage aux baroudeurs de la guerre : le sergent de la mythologie américaine, mais aussi un méta portrait réaliste de sous-officiers. Il est bougon, expert, protecteur de ses hommes, absent de son foyer et donc malheureux en amour.

Ici, il fut un héros dans au moins une des guerres traversées : il a gagné la Medal of Honor à la "Heartbreak Ridge", surnom d'une colline de Corée (les coeurs brisés), une hécatombe de marines, inutile et oubliée comme le furent de multiples collines numérotées pendant la guerre de Corée puis celle du Vietnam. On mourrait en masse dans les assauts renouvelés, des deux côtés, puis la bataille disparaissait plutôt qu'elle était gagnée : on y plantait un drapeau, on y restait un peu et on laissait tomber.

La derniere partie sur l'invasion de la Grenade est un peu ridicule tellement les forces en présence sont dissymétriques, mais cette guerre américaine fut sans doute la plus ridicule des toutes les guerres américaines aussi cette demi-heure est elle, paradoxalement, plutôt réaliste...

Mario Van Peebles est un second role sympathique en marine à la fois rocker et voleur.

La colline des coeurs brisés, c'est donc le titre américain du film, bien meilleur que le titre français Le Maitre de Guerre, car il indique à la fois un ensemble de souvenirs marquants pour cet homme, et le fardeau obscur qui le fait agir dans le présent. (Il n'y a aucun flashback sur cet épisode guerrier, juste sa mention dans le titre, ce qui lui donne son importance).

A noter que les français l'appellent la Colline de Crèvecoeur car elle figure aussi dans le patrimoine de leur armée : un bataillon de volontaires français fut incorporé à l'infanterie américaine et fit partie des 3700 soldats de l'ONU qui sont tombés - tandis que les coréens et chinois en perdaient 25 000. Les rescapés pouvaient en être durablement imprégnés.

(Notule de 2023 publiée en octobre 2025)