Les liens ne sont pas forcément du sang

Au début du XXe siècle, un conducteur de pousse-pousse de condition modeste va aider un garçon blessé qui se trouvait sur sa route. En le ramenant à sa famille, il va se prendre d'affection pour eux, jusqu'à ce que le père de l'enfant décède ; c'est alors que ce conducteur, aussi impulsif qu'attachant, va s'occuper de ce garçon comme si c'était son fils, mais aussi se rapprocher de celle qui est devenue veuve.

En voyant ce film, aussi tendre que gentil, on pense un peu à ce qu'aurait fait Frank Capra, car tout y respire l'humanité, aussi bien dans le jeu de Tsumasaburō Bandō, ce conducteur de pousse-pousse, que cette femme femme incarnée par Keio Sonoi, qui représentent chacun d'entre eux la différence de classe sociale qui empêche d'aller plus loin. Car lui n'ose pas, de peur qu'on le prenne pour un pauvre, et elle ne franchit pas non plus le pas, malgré quelques regards en coin. C'est également dû à la censure qui a frappé le film, où la veuve d'un soldat de l'armée japonaise ne pouvait pas tomber à nouveau amoureuse, ce qui explique qu'il y a eu 10 minutes de coupe, causant parfois quelques étranges ellipses, et cette impression que l'histoire n'est pas terminée, malgré qu'elle se déroule sur plusieurs années, quand celui qui était autrefois petit garçon va prendre le train pour faire ses études.

Malgré cela, le film reste très intéressant, porté par une excellente interprétation, en particulier Tsumasaburō Bandō qui fut un célèbre acteur japonais du temps du muet, et qui en rajoute notamment dans les scènes où il joue des jeux d'argent. Il sera un grand succès, mais laissera au fond un gout d'inachevé à Hiroshi Inagaki en raison de la censure...