Le Rayon bleu
6.1
Le Rayon bleu

Film de Jeff Lieberman (1977)

Jeff Lieberman est l'un de ces petits maîtres de l'horreur qu'il est à mon sens intéressant à suivre afin de tomber sur quelques perles du genre. J'ai également réalisé une critique de son dernier film en date, Au Service de Satan, que je vous encourage à découvrir ici : https://www.senscritique.com/film/Au_service_de_Satan/critique/119462517


Ce qui suit sert plus d'analyse rapide que de critique concrète du film de Jeff Lieberman.
Le film le plus important du cinéaste reste néanmoins son second long-métrage sorti en 1977 : Blue Sunshine (Le Rayon Bleu) mélange étrange de polars flirtant avec le Fantastique, suite spirituelle à The Ringer (son premier court-métrage paru en 1972) et sa thématique de la consommation de drogues. Habitué des petits budgets, Lieberman réalisera le projet pour seulement cinq-cent-mille dollars. Le film s'ouvre sur une un plan de la Lune évoquant le crane humain ayant perdu ses cheveu. Le réalisateur impose une tension latente en accompagnant en introduction un groupe de personnages épars (une trentenaire divorcée, policier surmené) tous souffrant d’un mal-être et angoisse qui va se concrétiser de la plus brutale des manières. Les maux physiologiques (migraine, perte de cheveux…) débouchent sur un vacillement psychique où, sans raison apparente, tous cèdent soudain à des pulsions meurtrières incontrôlables. Nous suivrons Jerry Zipkin, accusé à tort, va devoir mener l’enquête et découvrira que ces violences sont dues aux effets à retardement d’une drogue expérimentale : Le Blue Sunshine. Jeff Lieberman parvient à imposer un suspens et des séquences marquantes pour le spectateur afin d'offrir une série B aussi cauchemardesque que thérapeutique. Nous restons certe sur un film à petit budget parfois long et pas toujours bien ficelé mais qui reste cependant assez marquant en terme de traitement. Le film n'est qualitativement pas aussi abouti qu'il pourrait l'être mais mérite tout de même toute votre attention.


A la sortie du long-métrage, le cinéaste s'est demandé comment serait perçu son film par les consommateurs de drogues mais également des mouvements anti-drogues. En lisant les journaux d’époque, Lieberman découvre que les effets de la consommation du Blue Sunshine sur le corps visibles dans le film sont assimilés aux véritables effets de la drogue sur l’être humain. Il affirme depuis ne plus jamais croire les journaux. Les dégradations physiques et psychologiques décrites dans le film ne sont que des éléments réels poussés aux extrêmes et dans la caricature comme le dira lui-même le réalisateur. Les journaux on notamment mal interprété un texte apparaissant à l'écran en toute fin de long-métrage.


Blue Sunshine est à ce jour le plus gros succès critique de Jeff Lieberman bien que son exploitation en salle fut courte (mon préféré reste pour moi Au Service de Satan mais Blue Sunshine reste peut-être son plus intéressant). Le film obtint un statut culte notamment grâce aux mouvements musicaux d’époque qui le réintroduire dans leur culture. Il était projeté par exemple en fond de concerts au CBGB’s temple du punk à New York (on y retrouvait des artistes comme Blondie, les Talking Heads, The Ramones…) et ne manqua pas d’inspirer des musiciens comme Robert Smith (The Cure). Ce dernier avec son groupe The Glove nommera un album Blue Sunshine en référence au long-métrage.
Lieberman estime être un réalisateur de satire cinématographique. La genèse du film vient du fait que le cinéaste était à l'époque entouré de hippies sans toutefois en être lui-même un. Il était à cette époque convaincu que l'un d'eux pourrait devenir président. On parlait à ce moment là des drogues/acides comme des radiations durant les années 50, on en parlait comme capable de provoquer des mutations. Lieberman a donc décider de faire pareil avec Blue Sunshine et sa façon de parler de l'utilisation de drogues.


Jeff Lieberman aura influencé le cinéma et un certain domaine culturel à travers son oeuvre cinématographique globale en seulement quelques long-métrages devenus cultes. Sa carrière et sa personnalité en ont fait une référence du cinéma de genre. C'est finalement fin des années 2000 que Lieberman sera le plus reconnu auprès du public. Blue Sunshine ne réinvente rien mais propose une série B intéressante à suivre bien qu'imparfaite su beaucoup de niveaux. Cependant le film possède une âme et ce n'est pas pour rien qu'il a influencé certains artistes par la suite.

Créée

le 19 févr. 2020

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