Destin contrariés

Au début du XXe siècle, alors qu'elle sont sur le point d'accoucher, trois jeunes femmes suédoises de conditions différentes se remémorent leur existence et ce qui les a menées à la maternité.

Je ne connaissais pas Mai Zetterling, mais elle a eu un carrière florissante en tant qu'actrice, mais aussi en tant que réalisatrice, et Les amoureux était son premier film derrière la caméra. On sent clairement que c'est fait par une femme, et sans nul doute pour un public féminin, car il parle condition de la condition à cette époque, où n'avaient guère le droit de cité. Ce sont trois portraits de femmes : l'une qui travaille pour une famille riche et qui doit épouser un autre homme que le fils de la maison au risque de jeter le discrédit sur lui car il l'a fait tomber enceinte, l'autre qui refoule son homosexualité en épousant un homme contre son gré et la dernière qui se rend compte qu'elle a épousé trop vite son premier amour au point qu'elle va se sentir étouffée par les conditions maritales.

Qui dit cinéma suédois, surtout vu le sujet et l'époque, ne peut que renvoyer à Ingmar Bergman, dont on découvre que la totalité du casting a déjà joué pour lui, avec Harriet Andersson, Gunnel Lindblom, Gio Petré ou encore Anita Bjork, et il y a quelque chose d'extrêmement cru, qui avait d'ailleurs choqué à sa sortie, sur la sexualité féminine, le désir, voire un baiser homosexuel, et même un accouchement qu'on voit en direct, mais qui est presque de l'ordre de la transgression pour la réalisatrice où, non, la femme n'est pas seulement une reproductrice ou l'épouse de. Elles sont clairement dans une forme de détresse, voire de crudité, qui les rendent touchantes, et il faut dire que la mise en scène en noir et blanc ajoute aussi à ce côté dramatique. En tout cas, bien que ça soit un petit peu long, c'est clairement intéressant à voir dans le sens où c'est clairement du cinéma féministe suédois, et qui renvoie clairement à nos époques contemporaines.