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Pouah, c’est bien la première fois depuis le début de cette rétrospective Bondienne que je ne suis pas complètement rebuté par la teneur nauséabonde du film. En termes d’action et de fun, il y avait jusqu’ici eu des hauts et des bas, mais c’était toujours entaché par une beauferie de tous les instants, même dans l’épisode le plus hétéroclite qu’était le précédent, On Her Majesty's Secret Service.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, les nanas sont toujours cruches, et il y a même un truc très embarrassant avec ces deux hommes de mains gays, Wint et Kidd, tant leur sexualité semble directement corrélée à leur vilenie (et vu la manière dont Bond les élimine, ça ne laisse pas trop de doute). On a donc bien de la misogynie et de l’homophobie, mais ça passe crème par rapport à ce à quoi nous avait habitué la franchise jusqu’alors. Il n’y a même pas le racisme de You Only Live Twice et son yellow face ! Comme si le Connery vieillissant s’était assagi (et peut-être que son impact décisionnel plus prononcé grâce à un retour au rôle bien négocié pèse dans la balance).
Peut-être aussi suis-je plus conciliant car l’intrigue et la mise en scène m’ont cette fois plutôt emballé, et que le retour de Guy Hamilton sonne comme une bonne nouvelle, puisque déjà derrière le meilleur opus à date, Goldfinger. Rien que cette scène pré-générique, en suite directe à l’épisode Lazenby qui finissait tragiquement, avec un 007 vengeur qui n’a pas le temps de niaiser et expédie la menace des films précédents ad patres sans sourciller (enfin, supposément) annonce une rupture de ton. Une manière d’acter la scission avec le Bond Lazenby et les volets qui le précédent, avant que Sean ne raccroche pour de bon.
Diamonds Are Forever semble ainsi s’affranchir d’une certaine partie du cahier des charges devenu trop lourd. Pas de bagnole iconique, adieu les sempiternels gags du chapeau et du flirt avec Moneypenny interrompu par M, et point d’introduction des gadgets avant leur utilisation. On supprime les sacro-saintes étapes habituelles pour alléger le récit en faisant fi des Bond-ieuseries.
En sus de cela, par son exploration de Las Vegas, une des villes les plus immondes de notre planète, l’agent le moins secret du monde semble vouloir dire quelque chose du cinéma et de son esbroufe. De la cité du spectacle permanent, en passant par le cirque et ses attractions de freaks qui renvoie aux origines foraines du médium, et cet alunissage truqué pour la caméra (avec ce très bon gag des faux astronautes tentant d’arrêter Bond au ralenti), Hamilton apporte une conscience d’elle-même à la franchise, de son statut de divertissement grand public, et la fait rentrer dans une ère nouvelle alors que change la décennie et le cast.
Et ce jusque dans le final, où comme à l’accoutumée 007 et sa conquête du moment s’enlacent sur un bateau. Sauf qu’on est cette fois sur un yacht bien charpenté plutôt qu’une frêle esquif à la dérive.
Un bon moment inattendu que ce Diamonds Are Forever, qui me redonne un peu d’espoir pour les suivants.