À l'instar du cliché du footballeur qui répète à l'envi "qu'il faut prendre les matches les uns après les autres", le spectateur des Échos du passé (ex Sound of Falling), Prix du Jury à Cannes, doit appréhender une scène après l'autre, en attendant de pouvoir reconstituer le puzzle narratif qui lui est proposé, si tant est que cela soit possible. En vérité, mieux vaut abandonner l'idée de tout comprendre dans l'imbrication d'histoires situées à des époques différentes de l'histoire allemande, avec des adolescentes successives agissant au sein d'un même corps de ferme. Cette évocation de la condition féminine sur un siècle, peu ou prou, élude les grands événements (Deuxième Guerre mondiale, réunification), pour une autre vision, qui passe par l'intime, le drame et le romanesque, même rien n'est limpide dans le film. Oublions cela, Les Echos du passé est avant tout une expérience cinématographe extrême, qui fait davantage appel aux sens qu'à l'intelligence et qui se caractérise par une expérimentation ininterrompue, tant sur le plan visuel que sonore. Autant dire qu'il faut voir le film avec toutes ses écoutilles ouvertes dans un exercice aux portes de l'abstraction, mais qui possède aussi ses aspects ludiques. Une alternative existe : quitter la projection au bout d'une heure, faute de repères clairs, ou rester jusqu'au bout, en prenant les scènes les unes après les autres, sans l'assurance d'arriver au but, en ayant maîtrisé tous les tenants et aboutissants.