A travers le destin de trois femmes noires américaines nous assistons en parallèle à la course des États Unis face à l’URSS pour la conquête de l’espace mais également à la course à l’émancipation et aux droits civiques des noirs américains dans l’Amérique ségrégationniste du début des années 60.


Katherine, Dorothy et Mary, travaillent à la NASA, elles sont de brillantes scientifiques et leur travail est d’une grande qualité, mais elles sont noires et en Virginie, état du sud des États Unis c’est un détail qui compte. Alors elle doivent faire avec les lois ségrégationnistes en vigueur qui conduisent à des situations loufoques où il faut à Katherine faire 800 mètres pour trouver des toilettes ou elle a le droit d’aller, elle doivent composer avec les injustices et ne pas accéder au poste de superviseur qui lui reviendrait de droit, elles doivent obtenir d’un juge le droit de suivre des cours universitaire qui ouvrirait les portes d’un poste d’ingénieur . Elles doivent aussi subir les petits comportement racistes et suspicieux de leurs collègues.


Le film aurait pu tomber dans une posture de mélodrame ou dans une vaine tentative de dénonciation de ces injustices, mais s’il n’élude pas cette réalité, le film montre surtout avec beaucoup de finesse et d’intelligence comment ces trois femmes ont gagné le respect de leurs collègues’, de l’institution et la confiance des supérieurs et des astronautes qui grâce à leurs travaux mathématiques et leur abnégation ont pu effectuer le premier vol orbital d’un américain et ouvrir la route vers la lune.


Le film évoque aussi l’arrivée des ordinateurs et des super calculateurs qui signeront petit à petit la fin de ces femmes et hommes qui durant des années calculaient à la main toutes les données nécessaires , poussant Dorothy à devenir programmatrice ce qui suscitera le respect de sa supérieure jusque là frileuse .


Jamais pathos, rythmé et réussissant l’exploit de rendre ces travaux mathématiques rébarbatifs aussi passionnants et cinématographiques que les exploits des astronautes habituellement racontés à Hollywood.

Petit bémol avoir voulu construire un pan narratif autour de la vie sentimentale de Katherine, qui hors mis nous permettre de revoir l’immense Mahershala ALI n’apporte rien au film. Les trois actrices principales jouent admirablement bien et nous plonge dans ce monde qui est la partie cachée de l’iceberg au sein de la NASA. Taraji P. HENSON , Octavia SPENCER ou Janelle MONÁE, c’est également un très grand plaisir de retrouver Kevin COSTNER dans une prestation intéressante d’un personnage qui sous un aspect d’abord froid sera celui qui débloquera les freins liés à la ségrégation et se montrera sinon le plus humain, du moins le plus juste. Enfin si les fans de la série « The Big Bang Theory » seront ravis de retrouver Jim PARSONS on regrettera peut être que ce rôle de mathématicien rigide et pas franchement sympathique ne soit pas si éloigné, hors mis sur l’aspect comique, de celui de la série et ne permette pas à l’acteur de vraiment montrer un autre jeu.


Mise en scène très académique qui sert un scénario et une narration précise, mais qui manque sans doute de la petite étincelle qui aurait permis au film d’atteindre les sommets, les étoiles.


Divertissant, ludique, un biopic original mais qui soulève une vraie question de fond. Pour quelques rares exemples de personnes noires qui ont pu contribuer par leur talent et malgré les obstacles dus aux lois alors en vigueur à l’essor de l’humanité, combien avons nous ratés de génies ou de possibles contributeurs de talents au génie humain ? Qui c’est si parmi tous ces enfants noirs qui n’ont pu se rendre dans les universités de combien de brillants médecins, ingénieurs ou philosophes les lois racistes nous ont privés ?

Spectateur-Lambda
6

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le 17 oct. 2022

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