Si on n'a guère envie d'écouter les émissions de la radio suisse romande, du moins celles réalisées par les deux journalistes (un grand reporter à la mémoire défaillante et une féministe ambitieuse), on n'est pas non plus tellement emballés par leur escapade au Portugal et leur rendez-vous fortuite avec la grande Histoire, la Révolution des Œillets en avril 1974. Le tout manque de liant, apparait trop décousu et l'émulation entre les deux journalistes accompagnés d'un technicien de la vieille école, qui dort dans son véhicule de peur qu'on lui pique son matériel et d'un jeune traducteur qui ne rêve que de rencontrer Marcel Pagnol ne fonctionne pas bien.
Néanmoins, le film transcrit cette période de liberté (de paroles et de mœurs) qui démarre dans toute l'Europe, et plus particulièrement dans la péninsule ibérique. Un souffle dont on aimerait pouvoir encore profiter, qui s'est incontestablement affaibli. Pointons cette coïncidence qui voit la sortie du film et la dernière votation helvète défrayer la chronique.
Tentative plaisante et inoffensive d'appréhender par le petit bout de la lorgnette un épisode déterminant du mouvement révolutionnaire, qui décroche un sourire, un faible rire de temps à autre. Mais sans plus, comme si le film n'était jamais contaminé par l'élan libertaire, restant trop sage et appliqué, déroulant ses saynètes successives et ses registres parfois discordants (l'intrusion d'un passage 'comédie musicale' n'a pas de sens et donne davantage l'impression de meubler le temps et l'espace). Sympathique et anecdotique, et vite oublié.