Les Monstres du continent perdu par Khaliel

Comme prévu, le studio Toho sort un an après « Godzilla vs MechaGodzilla » la seconde partie de ce qui devait être le grand final de la franchise. Le dernier film de l’ère Showa ! Un moment important puisqu’il faut garder une cohérence avec l’épisode précédent en étant une suite directe, mais aussi rendre honneur au lézard géant. Plutôt que de faire un film « best of » où tous les monstres préférés des fans feraient leur retour, la Toho se concentre sur l’essentiel : le combat entre Godzilla et MechaGodzilla qui se poursuit ici, avec juste l’ajout d’un seul et unique kaiju inédit, Titanosaurus.

Godzilla était parvenu à mettre en pièces MechaGodzilla grâce au coup de main de King Caesar. Mais l’énergie nécessaire à faire intervenir King Caesar a réveillé un autre monstre : Titanosaurus. Ce dernier est secrètement contrôlé par le biologiste Shinzô Mafune (Akihiko Hirata), qui veut détruire l’humanité. De son côté, le nouveau chef des extraterrestres, Mugal (Goro Mutsumi), a pris l’initiative de rebâtir MechaGodzilla avec ce qu’il a pu en récupérer, et l’a surtout amélioré avec de nouvelles armes. Le dernier espoir de l’humanité n’est autre que Godzilla, mais avec MechaGodzilla et Titanosaurus qui allient leurs forces, même notre lézard géant pourrait être dépassé.

Le studio Toho a pris autant soin de cette suite que du film précédent au niveau du budget. On sent encore une fois qu’on a affaire à un vrai film de cinéma. Petite variante dans cet épisode, ce ne sont pas les extraterrestres qui contrôlent un monstre géant, mais un humain. Les extraterrestres, eux, ne veulent que réparer leur robot. Mais bien avant qu’on apprenne que les Simians sont toujours présents, le film nous fait rencontrer l’équipage d’un sous-marin, lui-même à la recherche des restes de MechaGodzilla, qui fait la malencontreuse rencontre de ce que tous les personnages du film appellent un dinosaure, mais qui ressemble plus à un hippocampe avec des pattes : le mortel Titanosaurus.

Il se passe beaucoup de choses dans ce film, peut-être même trop, au point qu’il devient difficile de suivre qui travaille pour qui, qui trahit qui et ce que chaque personne impliquée souhaite en fait accomplir. Alors que peut-on dire sur les personnages humains ? Pour commencer, le héros Ichinose (Katsuhiko Sasaki) n’est pas vraiment développé et ses actions affectent à peine l’histoire. Pendant la majeure partie du film, il est capturé par les Simians et sera sauvé par son ami Murakoshi (Katsumasa Uchida), qui fait tout le sale boulot pour lui. Le docteur Mafune tombe dans le cliché du savant fou (avec sa perruque blanche ridicule). Les extraterrestres, bien qu’ayant perdu leur apparence de singe sans que l’on sache vraiment pourquoi, s’avèrent au final très kitsch et nous empêchent de nous concentrer sur la partie sérieuse du scénario.

Le point central du film, heureusement, ce sont encore les monstres. Titanosaurus a de nombreux fans, mais son design n’est pas si original. C’est cependant l’un des monstres les plus puissants du répertoire de la Toho. C’est un véritable combattant qui donne réellement du fil à retordre à Godzilla. Un aspect important sur lequel le film insiste est que Titanosaurus est une créature paisible, en réalité, qui ne génère la destruction que lorsqu’elle est contrôlée par une force externe. Ce qui rend encore plus triste la fin qui l’attend. MechaGodzilla, bien qu’étant un simple robot, a l’air d’avoir une vraie personnalité dès ses premiers mouvements. Son armement est encore plus impressionnant que dans l’épisode précédent.

Le film a des défauts dans son montage, dont certains énormes qui nous font nous demander si le monteur du film s’est endormi ou si les délais de montage étaient tellement serrés qu’il a laissé un stagiaire s’en occuper. Par exemple, lorsque Murakoshi poursuit Katsura et son serviteur, les deux disparaissent du plan avant même qu’il ne se termine. Ce problème ne s’étend pas aux effets spéciaux, qui sont incroyables des explosions jusqu’aux incrustations. Par contre, côté scénario, on pourra légitimement se demander ce qu’Interpol vient faire là, dans une affaire qui est plutôt du ressort de l’armée. C’est comme si le scénariste ne savait pas, en fait, ce qu’était Interpol. Au moins, il n’y a pas dans ce grand final de gamin énervant ou de Minilla !

« MechaGodzilla contre-attaque » est du niveau de son prédécesseur et vient mettre un terme à une ère de la franchise d’une bien belle manière. Un épisode réussi dans sa partie kaiju et un peu compliqué à suivre dans sa partie humaine, mais qui laisse un beau souvenir du lézard géant. La licence prendra ainsi une pause de neuf ans avant de revenir.