Madeleine
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Madeleine

Film de David Lean (1950)

C'est avec un petit pincement au cœur que j'attaque le dernier film de ce coffret David Lean, tant, jusque là, l'ensemble a été si bon. De fait, Madeleine va se révéler être un des plus beau bijoux de l'écrin. Décidément, le cinéma anglais des années 40 et 50 entretient avec moi une relation bien singulière. Je me demande si nous n'étions pas fait l'un pour l'autre.
Je serais donc né trop tard ?

Madeleine, donc.
Depuis "les amants passionnés", David Lean, (inaugurant une habitude puisque ce sera la deuxième fois), a fait de son actrice principale sa femme. Curieux, parce que Ann Todd n'est pas à proprement une bombe sensuelle, et c'est d'ailleurs pour cette raison précise que "les amants passionnés" souvent, ont pu déplaire.
Pour le coup, elle sera parfaite pour ce rôle dont elle est la fervente instigatrice: elle est fascinée par cette Madeleine Smith qui défraya la chronique à Glasgow et dans toute l'Angleterre en 1857. Un fait divers tonitruant (une jeune fille de bonne famille a t-elle tué son amant ?) qui n'a jamais connu de dénouement, a tel point que plus de 150 ans après le mystère demeure entier. Cette Madeleine, par sa capacité à rester de glace (ou de verre, comme on voudra, c'est d'ailleurs mieux pour mon calembour titresque) pendant les moments clefs de sa vie, a beaucoup intrigué.

C'est d'ailleurs une des principales critiques qui s'est abattu sur le film: ne pas avoir choisi un camp (coupable ou non-coupable). Au contraire, je trouve que c'est ce qui amène toute la richesse du film. Jusqu'au bout, nous nous questionnons en suivant Madeleine dans ses errements.
A l'instar des plaidoiries qui clôturent le procès: l'accusation et la défense sont admirables de justesse et de talent.
(Et au passage, une occasion de se rendre compte que la mixité sociale a du bon: je n'aurai pas voulu être une jeune femme en 1857 et avoir en face de moi 12 jurés masculins et âgés).
Une des grandes qualités du film tient en ses quelques scènes "subjectives": dans le fourgon qui amène au tribunal, ou cette montée d'escalier au moment du procès: rarement on aura aussi bien senti la tension et la pression s'abattant sur un condamné. Admirable.

La conclusion, cependant, date du procès.
Il parait qu'il n'y a qu'en Écosse qu'un tel jugement aurait pu être rendu à l'époque.
Ça m'étonne pas d'eux.
Faut dire que s'il y a une chose que je préfère encore au cinéma anglais, c'est le peuple écossais.
(les Irlandais aussi, mais c'est un autre sujet).
Vous savez ce qu'il vous reste à faire: un thé, une madeleine, et hop ! Le film !

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le 10 févr. 2012

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guyness

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