Un chef d'oeuvre dans une trilogie maestrique sur Maigret avec Jean Gabin

Trois opus de Maigret avec Jean Gabin sont les plus attachants de tous les Maigret, nombreux depuis les annees 30 (dont un de Jean Renoir).

Les deux films de Jean Delannoix sont brillants, et le premier, Maigret tend un piège, est un chef d’oeuvre.

C’est un thriller urbain avec déjà - bien avant la déferlante des annees 80 - une histoire de tueur en serie. Le suspense est haletant et des acteurs alors jeunes, Annie Girardot, Jean Desailly, s’imposent à l’écran. Le quartier du Marais de l’époque est filmé comme on ne le reverra plus, avec ses ruelles est ses boutiques, de manière quasi documentaire de jour et de nuit. Si un jeune n'a pas vu ce film, il se privera à tout jamais d'une imagerie historique de ce quartier mythique de Paris. Et ce n'est que la cerise sur le gâteau de ce film captivant de bout en bout.

Le second opus, « Maigret et l’affaire Saint-Fiacre » est au contraire campagnard, avec château, nobliaux déchus, intrigues provinciales, mort annoncée et suspecte dans l’église en présence de nombreux témoins dont Maigret, avec une belle écriture des personnages, du scénario et de la construction.

Le troisième opus, celui de Gilles Grangier, tiré de « Maigret, Lognon et les gangsters », le titre du livre de Simenon qui, avec le titre du film, "Maigret Voit rouge", résume bien l’histoire, est certes agréable, mais il a une faiblesse dans la construction dramatique.

Le comportement des gangsters américains est foutraque, presque incohérent, et ne peut se justifier par une arrogance de yankees mafieux envers la France, avec quoi le realisateur explique l'enlèvement et le passage à tabac d'un flic français, les menaces sur Maigret lui-même, et de nombreuses autres prises de risque peu crédibles.

Malgré cela, Michel Constantin joue de nouveau très bien un gangster américain inquiétant, un rôle qui lui alla comme un gant dans  le précédent "Un nommé la Rocca" de Jean Becker avec Belmondo (1961).

La derniere  scène - la colère de Maigret, à la fois réelle et feinte, témoignant de son intransigeance et de sa diplomatie - est remarquable pour la prestation superbe de Gabin, toute en élégance, en rouerie, en empathie et en lassitude.

(Notule de 2020 publiée en Juillet 2025)

Michael-Faure
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le 24 juil. 2025

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