La marche des émotions

Un bon 8/10 pour cette marche interminable...

Francis Lawrence revient avec son nouveau projet : une réadaptation du roman de Stephen King. Le pitch est très simple : une marche, pas de ligne d’arrivée, le dernier survivant gagne. Voilà les bases posées dès les premières minutes du film, et aussitôt la marche commence. Cette dernière nous entraîne-t-elle avec elle ? Oui, totalement.

Il faut être honnête : se lancer dans un projet tel que celui-ci n’a rien d’évident. Dans la forme, nous suivons simplement une bande de cinquante hommes inconscients, se lançant dans le défi de leur vie. Regarder pendant 1h40 cette troupe marcher n’a rien d’alléchant. Il est donc nécessaire pour le réalisateur de capter notre attention autrement. Ici, le choix s’est porté sur l’émotion, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le pari est réussi.

Le début du film nous plonge immédiatement dans cette « aventure » à travers le prisme de deux personnages : Peter (David Jonsson) et Ray (Cooper Alexander Hoffman). Très vite, on s’attache à eux, découvrant au fil des kilomètres leur personnalité et, surtout, leurs faiblesses. Les deux compères s’entourent rapidement de plusieurs autres protagonistes, ou antagonistes, selon le point de vue, formant un groupe hétérogène du point de vue des caractères. L’ensemble est plaisant à suivre : on souffre avec eux au fond de notre siège, et cette immersion témoigne de la qualité du jeu d’acteur. Élément évidemment essentiel, il n’y a aucune fausse note à ce sujet, avec notamment un Mark Hamill méconnaissable, aussi détestable que bluffant.

L’enchaînement des péripéties est également bien rythmé. Même si l’on peut ressentir quelques longueurs ici et là, il faut reconnaître que les événements survenant au fil des kilomètres sont à la fois choquants et prenants. Le film se veut dur, les morts s’enchaînant après de longues agonies. La cruauté des soldats colle parfaitement à la peur qui se dessine petit à petit sur le visage des participants.

La réalisation mérite aussi d’être saluée : certains choix de lumière et de cadrage sont particulièrement judicieux, notamment lors des scènes de nuit, accompagnées d’un fond sonore parfaitement en adéquation. Le final vient ponctuer cette histoire de manière magistrale. Même si certains éléments restent prévisibles, la fin a de quoi surprendre, et peut même nous tirer quelques larmes, signe de la qualité du travail accompli.

Points positifs :

• Mark Hamill, David Jonsson, Cooper Alexander Hoffman et tout le casting, d’une justesse remarquable
• L’originalité de l’histoire, mine de rien
• Une émotion parfaitement maîtrisée
• La cruauté de l’épreuve
• Une fin en apothéose

Points négatifs :

• Quelques petites longueurs par moments
• Un nombre de participants qui diminue sans qu’on s’en rende toujours compte

Conclusion :

Marche ou crève s’impose comme une véritable surprise. Je n’avais pas d’attente particulière à son sujet, et c’est souvent dans ces moments-là qu’un film marque le plus. Rarement un jeu d’acteur aura été aussi juste, jouant avec nos émotions et nos nerfs. Les choix de mise en scène sont très bons, compensant une histoire qui aurait pu vite devenir monotone si elle n’avait pas été traitée avec autant d’intelligence. En somme, la belle surprise cinématographique de 2025 jusqu’à présent.