Critique initialement publiée sur CloneWeb.net


Dès son ouverture, Mary et la Fleur de la Sorcière (Mary and the Witch’s Flower – メアリと魔女の花 Meari to Majo no Hana) nous donne l’impression d’être devant un film des studios Ghibli. Une jeune femme s’enfuit d’un monde fantastique sur un balai volant pour s’écraser sur notre Terre. On voit alors le dit balai se faire recouvrir de branches dans la forêt, en attendant un prochain successeur. On n’est pas très loin du Chateau dans le Ciel et de l’arrivée dans nos contrées de la jeune Sheeta.


Mais le temps passe, et on découvre une autre fille toute rousse qui se retrouve par un concours de circonstance devant le dit-balai, guidée dans la forêt par un chat qui a quelque chose à lui montrer. Elle découvre que grâce à l’énergie d’une fleur magique, elle peut donner vie à l’outil de nettoyage pour en faire une monture. Et la brosse va l’amener dans le ciel, jusqu’à une école de magie. On n’en dira pas d’avantage pour que vous puissiez découvrir les surprises de la suite par vous-même et sur grand écran.


L’histoire, qui se déroule dans une Angleterre fantasmée (où on mange quand même des bols de riz au déjeuner), est l’adaptation du roman inédit en France The Little Broomstick de Mary Stewart, bien connue pour son Cycle de Merlin. On pourrait penser à Harry Potter – et l’œuvre de J.K. Rowling a surement emprunté des éléments au bouquin de 1971 – mais au delà de l’école de magie mise en avant dans le film on est surtout face à un univers qui une odeur de culture japonaise dans le soin et l’aspect “mignon” des choses. Il faut ajouter que Hiromasa Yonebayashi fait un travail de réalisation absolument remarquable. L’animation japonaise actuelle tend vers des traits hyper réalistes (Your Name) ou de la 3D cell shadée pour faire illusion et faciliter le travail des animateurs (Godzilla Planet of Monsters) mais Mary & la Fleur de la Sorcière poursuit, à l’opposé, le travail des studios Ghibli avec ses décors peints et ses scènes réalisées entièrement à la main. Les fonds sont superbes, et on en prend plein les yeux.


Le souci du film vient du fait que Yonebayashi passe son temps à citer Hayao Miyazaki. Rendre hommage à ses maîtres, c’est honorable. Et ce n’est pas le premier jeune réalisateur japonais à citer le réalisateur de Mon Voisin Totoro puisque Makoto Shinkai l’avait déjà fait en 2011 avec Voyage vers Agartha, sorte de sous-Princesse Mononoke, ce qui ne l’a pas empêché de faire ensuite son propre chef d’oeuvre. Mais ici le réalisateur semble se sentir obligé de mentionner toute la filmo de son “sensei”. Vous voulez voir des séquences rappelant Kiki ? Des flammes qui parlent comme dans le Chateau Ambulant ? Des éléments sortis tout droit de Laputa ? Tout y est. Au point qu’on finit par se rendre compte que si l’héroïne finit par chevaucher une bête cornue, c’est seulement parce qu’il ne manquait que Mononoke Hime à l’appel.


Ne vous méprenez pas pour autant : Mary et la Fleur de la Sorcière est néanmoins un très joli film et vous passez un moment formidable. Mais si le tout nouveau Studio Ponoc veut se faire passer pour le successeur de feu-Ghibli, il faudrait qu’ils apprennent vite à voler de leurs propres ailes.

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le 20 févr. 2018

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