Pâté en croupe
Abdellatif Kechiche, depuis La vie d’Adèle, semble désormais devenu plus clivant que jamais (La vénus noire présageait déjà de la chose) et susciter la controverse au moindre de ses mouvements. Les...
Par
le 22 mars 2018
153 j'aime
22
Près de 5 ans après le fabuleux La Vie d’Adèle, couronné d’une palme d’or à Cannes, Abdellatif Kechiche revient sur le devant de la scène avec Mektoub, My Love – Canto Uno, le premier volet d’une saga familiale réalisée sur plusieurs années. Ce qui frappe immédiatement avec cette nouvelle réalisation du cinéaste franco-tunisien, c’est le réalisme avec lequel il conte cette tranche de vie estivale plutôt ordinaire au demeurant. D’un naturel désarmant, le long-métrage immerge en effet rapidement le spectateur dans son histoire, le rendant complice de moments de vie troublants, perturbants, mais aussi enivrants et bouleversants. En plaçant sa caméra au plus près des protagonistes, et en étirant à l’extrême ses scènes, le réalisateur transcende littéralement la banalité/beauté de ses plans, faisant par exemple d’une simple séquence de discussion sur la plage un instant de fascination absolu. Au-delà de la fascination, le film exerce aussi, à l’instar de ses personnages, un formidable pouvoir d’attraction. Pas étonnant, dès lors, que les 2h55 passent à une vitesse folle, rendant finalement extrêmement douloureuse la séparation avec Amin, Ophélie, Tony, Céline, Charlotte et toute la bande. On aurait tant voulu que cet été 1994 ne se termine jamais.
Avec Mektoub, My Love, Kechiche n’aborde pas seulement les premières amours adolescentes, mais traite plus généralement de la notion de désir, et de tout ce qu’elle implique en termes de jeux de séduction, de regards complices ou encore de frustrations cachées. Finement écrits, les rapports humains sont aussi parfaitement décortiqués et représentés à l’écran, allant bien au-delà de la seule esthétique des corps auxquels certains spectateurs semblent s’être arrêtés. A travers le regard d’Amin, véritable projection autobiographique du réalisateur, le récit dépasse effectivement la superficialité apparente des personnages pour leur offrir, à tous, une belle complexité. Une complexité également retranscrite dans le jeu incroyablement naturel des acteurs. Outre Shaïn Boumedine, superbe dans la peau de cet artiste sensible aux sentiments étouffés, on retiendra surtout ici l’interprétation solaire d’Ophélie Bau. Pour un premier long-métrage, elle irradie littéralement l’écran à chacune de ses apparitions. C’est peu de dire que l’un comme l’autre risquent de ne pas manquer de projets au regard de leur magnifique performance. A leurs côtés, on soulignera aussi le travail de Lou Luttiau, jeune actrice à la présence indéniable.
Aussi troublant que bouleversant, Mektoub, My Love – Canto Uno est donc un drame profondément sincère, abordant les rapports humains avec un naturel déconcertant. Emmené par de jeunes acteurs à la présence magnétique, le long-métrage délivre une formidable tranche de vie de 3 heures qui renvoie inexorablement à nos propres expériences. La preuve parfaite que l’on peut réaliser un grand film avec de petites choses. Prodigieux !
https://cinerama7art.com/2018/08/08/critique-mektoub-my-love-canto-uno/
D'autres avis sur Mektoub, My Love : Canto uno
Abdellatif Kechiche, depuis La vie d’Adèle, semble désormais devenu plus clivant que jamais (La vénus noire présageait déjà de la chose) et susciter la controverse au moindre de ses mouvements. Les...
Par
le 22 mars 2018
153 j'aime
22
Une longue vie de spectateur suffit en général à s'apercevoir que souvent, plus le traitement d'une histoire s'éloigne d'une apparence de réalité, plus on touche au vrai. Prétendre que le contraire...
Par
le 21 août 2018
101 j'aime
54
Alors que La Vie D’Adèle et son couple mémorable nous trottait encore dans la tête, Abdellatif Kechiche revient avec Mektoub my love (canto uno) et son style inimitable, qui cette fois ci,...
Par
le 26 mars 2018
93 j'aime
15
Du même critique
Depuis l’adaptation du dernier tome de Harry Potter en deux films distincts, la plupart des grandes sagas littéraires semblent emprunter la même trajectoire (Twilight, Divergente…) et Hunger Games...
Par
le 20 nov. 2014
49 j'aime
3
Quatre ans après sa dernière réalisation, le réalisateur britannique Guy Ritchie revient sur le devant de la scène avec un film dans la veine de ce qu’il a l’habitude de proposer, celle d’un...
Par
le 21 août 2015
35 j'aime
1
Mis en scène par Marc Webb, surtout connu pour son fabuleux (500) Jours Ensemble et son sympathique reboot de Spider-Man (avec Andrew Garfield et Emma Stone), Mary (Gifted en VO) est un drame...
Par
le 11 juil. 2017
27 j'aime