Un film sur la fraternité abîmée, sur ce qu’il reste quand la jeunesse s’effrite sous les néons.

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Une lampe clignote au fond d’un hangar. Odeur de fer, de sueur et de poussière froide. Météors démarre là, dans cette lumière sale qui colle aux visages comme une seconde peau. Hubert Charuel et Claude Le Pape cadrent serré, très serré — le plan respire mal, comme leurs personnages. Paul Kircher, tremblant et fiévreux, retrouve ce regard blessé qu’on lui connaissait déjà chez Christophe Honoré, mais ici la candeur s’est durcie. Le mixage du son direct laisse traîner un souffle métallique, un écho d’usine, presque un grondement de terre avant la chute.


Tout est dans le détail : un gilet orange tâché, une vis qui grince, la chaleur stagnante d’un vestiaire. La caméra, souvent à l’épaule, suit les corps au travail, dans ce décor de béton et de plomb qui ressemble à une fin du monde sans drame. Le montage, coupé au couteau, alterne plans fixes et dérapages, comme si le film hésitait entre le naturalisme et la transe. Il y a quelque chose de Bruno Dumont dans cette manière de filmer la bêtise et la grâce sur le même plan, quelque chose de brutal, presque tendre.


Mais Météors n’est pas qu’un portrait social. C’est un film sur la fraternité abîmée, sur ce qu’il reste quand la jeunesse s’effrite sous les néons. Mika, Dan et Tony — trois hommes qui auraient voulu être plus grands que leur zone, plus lumineux que le béton. Et pourtant. Leur énergie se heurte sans cesse au mur du réel. Charuel filme la virilité fatiguée, Le Pape écrit la tendresse rentrée, et le résultat tangue entre colère et silence. La lumière, parfois, se fait presque blanche, clinique, puis retombe en un fondu gris, comme si tout espoir devait finir dans la poussière radioactive.


Ce n’est pas un film aimable, encore moins spectaculaire. Mais il y a là une vérité nue, qui gratte la peau et reste dans le souffle. Un geste sec, rugueux, sincère. Ma note : 12 / 20.


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Le-General
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le 9 oct. 2025

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