Il y a vraiment deux films dans Meurs un autre jour, dont la qualité est sensiblement différente.
PREMIÈRE MOITIÉ (70%) La première partie tranche nettement avec les précédents opus. De la Corée du Nord à Cuba, 007 s'en va visiter l'axe du mal de George Bush mais avec un travail sur les couleurs (désaturées en Corée et chaudes à Cuba) et des dialogues ciselés et parfois plus ou moins politisés : « Pauvres anglais, vous êtes persuadés que vous êtes toujours les gendarmes du monde », « vous appelez terroristes ce que d'autres appellent des combattants de la liberté » ou encore M qui argue « je ne peux pas me permettre une vision aussi manichéenne des choses » sont des petits clins d'œil à l'ambiance délétère post-11 Septembre 2001. Sans que le film ne se départisse du folklore bondien, des références aux films précédents et de l'humour traditionnel, le scénario montre qu'il est à un bon niveau pour le vingtième film (de la série d'Eon, s'entend). On était bien parti pour le meilleur 007 Brosnan, seulement...
DEUXIÈME MOITIÉ (10%) Las ! Après une joute d'escrime réussie où on aperçoit même Madonna et l'apparition paquet-cadeau du bon vieux John Cleese (légende des Monty Python) en Q, on entre progressivement dans un nouveau film qui fait l'effet d'une longue scène cinématique dans un mauvais jeu vidéo. Le méchant Gustav Graves (Toby Stephens) est presque aussi grotesque que Renard dans Le monde ne suffit pas (1999). Après s'être prise pour Honey Rider dans Dr No (1961), Jinx (Halle Berry) ne fait quasiment plus que de la figuration à la Lara Croft (2001). Le scénario pseudo science-fictionesque sur le programme Icare est aussi affligeant que celui de Moonraker (1979) et les dialogues sont écœurants de gaminerie.
Entre 70 % et 10 %, on obtient une moyenne à 40 %. Quel gâchis !