Tout était réuni pour un bon film : un début immersif, une atmosphère intrigante, et une rencontre de départ sans passé, mais dont on veut savoir plus quant aux motivations présentes.
Mais ... cela s'arrête là. Le nœud de l'intrigue nous est dévoilé très tôt, laissant le reste du film sans grand suspens. Le côté immersif et incisif d'une tranche de vie se change en plans superficiels dont on ne sait que faire : il faut finalement un minimum d'éléments et des personnages construits pour pouvoir ressentir quelque chose et se plonger dans l'aventure à leur côté. Il y a des scènes touchantes, mais les éléments pré-cités les font perdre en potentiel (spoiler : on pensera aux moments de réunion de famille autour du piano, ou encore au moment où la mère s'adresse à Laura derrière la porte de sa chambre, après qu'elle ait compris pour qui elle était prise).
Enfin, il y a les thèmes. La famille et le deuil : comment continuer de vivre ensemble alors que tout a changé ? Mais aussi le paraître et les rêves : jusqu'où sommes nous prêts à nier les autres, à se déguiser comme nous mentir nous-mêmes, pour ne pas renoncer à l'évidence ? Malheureusement, l'absence de trame narrative et de personnages consistants peine à amener des réponses aux questions posées.
En définitive, Christian Petzold ouvre beaucoup de portes mais ne nous fait visiter aucun des mondes qu'il aborde. Il peine à s'inscrire aux côtés de Titane (Julia Ducournau) ou La piel que habito (Pedro Almodóvar) qui traitent mieux ses thématiques, en fond comme en forme.