J'ai fait un rêve de David Pujadas.



Il est gentil David, franchement ça se voit qu'il ferait pas de mal à une mouche, alors quand il débarque, on est bien, on est à l'aise, on est safe, et il décide de me causer, je me sens comme privilégié d'être l'interlocuteur d'un tel Saint-homme.


Pujadas : Tu sais ce que t'as à faire hein ? Dimanche, tu sais ce que t'as à faire hein ?


Moi : Hein ?


Pujadas : Comment ça hein ? Comment ça hein ?


Moi : Bah "Hein" ?


Pujadas : Y a pas de hein qui tienne ! Je te sens pas là, dimanche tu dois aller voter !


Moi : Ah tu parles de l'élection ? En fait j'en ai plus rien à foutre, ça faisait un bail que je votais pas, je me suis emmerdé à y aller au premier tour pour donner un peu de poids à la candidature Mélenchon, j'ai vu le résultat, et maintenant, j'ai envie de vous dire de vous débrouiller avec votre merde et de me foutre la paix.


Pujadas : Tu vas voter ! Tu vas voter ! Tu vas voter ! Des gens sont morts pour avoir obtenu le droit de vote ! Tu n'as pas honte ! L'élection la plus importante des 56347386468346384863434347853484634836 dernières annnées !!!! ET TU VAS PAS VOTER ?
TU VAS PAS VOTER ?


Moi : Ben non, je vais pas voter non.


Pujadas : Mais tu te rends compte ? Tu te rends compte ? Tu te rends compte ? tu te rends comptes ? Tu te rends compte ?


Moi : Euh je sais pas, oui, non, je me rends compte.


Pujadas : Excuse-toi !


Moi : Pourquoi ?


Pujadas : EXCUSE-TOI ! Plus vite que ça, EXCUSE-TOI !


Moi : Euh... Je.. M'excuse ?


Pujadas : Voilà ! C'est déjà une première étape vers l'absolution de tes pêchés mon fils.
Ecoute-moi bien mon petit pote, tu vas voter, tu dois voter, tu es de gauche OK ! Mais justement, tu dois faire BARRAGE. BARRAGE, tu comprends ? TU DOIS FAIRE BARRAGE !
Je ne sais pas si tu réalises ! Les fachos sont aux portes du pouvoir, tu comprends ?
Alors, tu fais comme tu veux, tu mets des gants, mais tu vas voter, tu prends le bulletin Macron, et tu le fous dans l'urne !


Moi : Mais je pensais que la démocratie c'était la liberté de faire son choix en conscience, si j'ai décidé de m'abstenir, en quoi c'est grave ?


Pujadas : C'est grave, parce que l'heure est grave, c'est grave parce que si tu ne fais rien, si tu t'abstiens, tu fais le jeu du FN ! Macron ! MAAAAAAAAAAAAAAAAACRON !


Moi : Ben non, puisque si je m'abstiens, je ne vote pas pour le pen, donc en quoi je fais son jeu ?


Pujadas : Tais-toi, si tu t'abstiens, tu fais le jeu du front national ! Si tu t'abstiens, tu n'auras plus le droit de parler, et de venir te plaindre quand les nazis seront au pouvoir ! Collabo de merde !
Tu veux t'abstenir ? Ok, abstiens-toi, mais alors dis-le "JE SUIS UN COLLABO DE MERDE".


Moi : ???


Pujadas : DIS LE J'ENTENDS RIEN CONNARD, "JE SUIS UN COLLABO DE MERDE".


Moi : "je suis un collabo de merde..."


Pujadas : Voilà ! Maintenant tu vas dire "Je suis un nazi"


Moi : "Je suis un nazi"


Pujadas : "Je suis un mouton"


Moi : "Je suis un mouton"


Pujadas : Bêle !


Moi : Bêeeeeee bêeeeeeeeeeee bêeeeeeeeeee


Pujadas : PLUS FORT !


Moi : BÊEEEEEEEEEEEEEHHHHHHHHHHHHHHHH BEEEEEEEEEEEEEEEEHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH


Pujadas : et maintenant... JE SUIS UN ANTISEMITE !


Moi : JE SUIS UN ANTISEMITE !



J'ai fait un rêve de Jacques Attali.



Jacquot : Bon, on est un peu préoccupé, David est venu me voir, et il m'a fait part de tes réticences à faire barrage contre les nazis, qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête pour perdre à ce point le sens des réalités, et je dirai même plus, des responsabilités ?


Moi : Oui, monsieur Attali, je comprends que ma situation est difficilement tenable, mais voyez-vous je suis tiraillé, je me vois mal mettre un bulletin dans l'urne pour un type qui va faire perdurer, amplifier une politique néolibérale que je déteste, et qui conduit inexorablement à la montée du front national.
Je ne peux me résoudre au fait qu'il n'existe aucune autre contradiction possible que le front national à ce modèle qu'on nous impose.


Jacquot : Je suis désolé mon ami, mais tu t'égares. Dans un premier temps tu ne dois pas nécessairement abonder pleinement dans la politique de Macron, même s'il n'existe aucune autre alternative viable, et qu'elle est la seule qui nous conduira vers le salut suprême. Mais tu dois comprendre que si tu ne t'opposes pas clairement au Front national, et si tu t'abstiens, alors tu t'écartes du chemin de la démocratie, des républicains, et des progressistes.


Moi : C'est-à-dire Monsieur Attali, que vous me demandez de faire un barrage avec Jean-François Copé, François Fillon, Laurent Wauquiez, Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis, Christian Estrosi, Eric Ciotti, ça sentirait pas un poil la merde votre barrage ?


Jacquot : Non, puisqu'ils sont progressistes.


Moi : Progressiste, ça veut dire quoi ?


Jacquot : ça veut dire que même s'il y a des nuances, des options politiques qui divergent ici ou là, ils sont fondamentalement dans le camp des gentils.
Bon, je vois que tu es perdu, et que tu cherches ta place dans la société, alors je vais tenter de te l'expliquer le progressisme.


Tu fais partie du peuple, classe moyenne supérieure, de ce que je comprends tu vas devenir avocat sous peu. Ta fonction essentielle est de travailler pour payer par l'impôt les intérêt de la dette envers les 1% les plus riches. Il faut que tu l'intègres, c'est ton rôle.
Le progressisme, c'est que si tu te bats bien, si tu t'accroches, alors peut-être, tu arriveras à rejoindre le camp des 1%.


Et quand tu auras rejoins le camp des 1%, grâce à la politique des progressistes, ton épargne va grossir, de plus en plus. Comment ?
C'est très simple, on diminue les recettes de l'Etat, on diminue l'impôt des grandes fortunes, pour que vous les 1% ne partiez pas dans un pays moins confiscatoire. On diminue aussi les dépenses sociales ce qui a pour effet de réduire la croissance, ET DONC in fine, ce qui a pour effet de créer de la dette !


Et donc, l'Etat emprunte ton argent contre des bons du trésor français, et les intérêts courent, et la dette augmente, et bientôt on doit te réemprunter de l'argent pour payer les intérêts de l'emprunt précédent, et ainsi de suite dans un cercle vertueux qui n'en finit plus !
Et donc, les 99% doivent travailler pour payer ces intérêts jusqu'à l'âge de 60, 62, 63, 64, 65, 75 ans, car c'est formidable, notre système est progressiste et donc nous vivons plus longtemps !


Aussi, dans ce système, l'Etat garde toujours un rôle indispensable, bien sûr ce ne doit plus être l'Etat social parfaitement inutile, mais ce doit être l'Etat sécuritaire. Un Etat qui permettra ainsi de contenir les 99%, de les maintenir sous contrôle, car des tensions peuvent naître en raison de la concurrence progressiste qu'il est nécessaire de leur imposer.


Tu comprends, il est donc indispensable non seulement de ne pas s'abstenir, mais surtout d'épouser le camp républicain, démocrate, humaniste, progressiste, parce qu'il est le seul système qui a marché et qu'il n'existe rien d'autre.



J'ai fait un rêve de Jean-Michel Apathie.



Jean-Mich : Alors ça fait quoi d'avoir voté au premier tour pour un traître à la nation qui reste dans l'ambiguïté, qui n'aime pas trop les droits de l'homme, qui voue un culte à Vladimir Poutine, Hugo Chavez, Cuba, l'alliance bolivarienne, qui ne fait pas barrage au front national, ça fait quoi ?


Moi : Je...


Jean-Mich : VOTE MACRON !


Moi : Mais...


Jean-Mich : MACRON MACRON MACRON MACRON MAAAAAAAAAAAAAAAAAACRON MAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAACRON


MAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAACRON


MAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAACRON


MACRON MACRON MACRON MACRON MACRON
MAC MAC MAC MAC


RON RON RON RON RON RON
AMCRON RNOAMC NOMACR CROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON


CRON CRON CRon OnCronCor MAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAC


MACRON !



J'ai fait un rêve de Ruth Elkrief.



Ruth : Vous savez ce qu'on fait aux traitres ?


Moi : De qui parlez-vous ?


Ruth : Vous avez vu Dupont-Aignan ?


Moi : Vous parlez du type insignifiant qui a rejoint le pen, et qui s'est pris un tombereau d'insultes dans la gueule, parce que c'est mal ? Celui qui s'est fait traiter de collabo, et d'enculé par des vedettes ringardes du type Benjamin Biolay, Luc Besson ou Gilles Lellouche, le genre de gros bobos qui donnent des leçons de morales à tout le monde, et qui la nuit tombée boivent des coupes de champagne avec Bernard-Henri Levy et Arielle Dombasle au Macumba Club ?


Ruth : J'ai l'impression que vous exprimez une défiance importante envers le système, ne seriez-vous pas vous aussi un traître de nazi ? Vous aimez Le Pen ? Non ? Et bien si vous l'aimiez comme Dupont-Aignan l'aime, alors nous vous combattrons, nous vous insulterons, nous vous écraserons.


Moi : Oula, non excusez-moi, je me suis un peu emporté, je n'ai pas encore pleinement intégré tous les préceptes que m'ont inculqué mes autres maîtres. En fait, ce que je voulais dire, c'est que du point de vue strictement humain, ce Dupont-Aignan m'a fait de la peine.
Quand je l'ai vu à côté de Marine Le Pen, et bien j'ai eu de la compassion pour lui. Parce que j'ai vu dans son regard, que le type était mal à l'aise, et qu'il savait dans sa situation, que d'une façon ou d'une autre, il allait se flinguer médiatiquement et politiquement, parce qu'il ne pouvait se résoudre à rejoindre le camp du bien.


J'ai pensé, honte à moi, qu'il n'était pas un raciste, xénophobe, antisémite, j'ai pensé qu'il savait dans son for intérieur que désormais il deviendrait un pestiféré définitif et que rien ne serait plus comme avant pour lui. Lui qui était invité et accueilli comme un prince partout où il allait jusqu'alors... Lorsqu'il faisait partie du camp du bien.


J'ai aussi pensé qu'il y avait de véritables racistes et xénophobes dans le camp du bien, et même sur le barrage républicain, mais que ceux-là, comme ils faisaient parti du camp du bien, alors il ne doit y avoir rien à redire.


Ruth : Il n'y a aucune compassion à avoir, vous devez être ferme, froid, CLINIQUE.
Maintenant, je vous ai apporté un portrait de Dupont-Aignan, je veux que vous lui crachiez à la gueule.
CRACHEZ ! PLUS FORT ! UN GROS GLAVIOT ! ALLEZ ! CRACHEZ !


Vous votez dimanche prochain ?


Moi : Oui bien entendu.


Ruth : Parfait.


Je me suis réveillé, j'ai glissé dans l'urne le bulletin Macron.
Désormais je suis libre et heureux, j'ai sauvé le monde du fléau raciste et xénophobe et je pense printemps.
J'ai toute la vie devant moi, car je suis jeune et dynamique.


Quelques mots sur le film lui-même :
Faudrait que j'étudie plus sérieusement la carrière de Jay Roach, qui à première vue avait tous les attributs du faiseur lambda sans grande personnalité spécialisé dans les films potaches à l'américaine, c'est-à-dire bien con et limité, alors qu'en fait ce film ci et "Game change" sont très étonnants avec une vision d'auteur inédite et très ironique.
Sous le vernis de la connerie et des blagounettes à 2 balles façon frères Farrelly, on a de vrais films politiques qui font froid dans le dos, à mi-chemin entre du John Landis (le film a un rapport très étroit avec "Un fauteuil pour deux", avec un clin d'oeil évident, ils ont inversé les perspectives en faisant jouer à Dan Aykroyd le rôle du type dans l'ombre qui tire toutes les ficelles pour son bon plaisir, alors que dans le Landis, il en était la victime) et du Capra (on pense clairement à l'homme de la rue, et aux mécanismes de manipulation et de renversement de l'opinion des foules).
Je parlais d'auteur, parce que la mise en scène n'est pas informe, il y a un plan séquence assez mémorable en vue subjective depuis la caméra d'une voiture de police, avec un Will Ferrell complètement déchaîné.
Et en parlant de Ferrell, ce type est quand même énormissime, et impressionnant quand il joue les types exaltés.
Après ça patine un peu sur la durée, le happy-end diminue légèrement (mais pas trop) la charge du film sur la superficialité et les manipulations politiques. Mais quand même, c'est assez visionnaire sur les débats qui ont eu lieu entre Clinton-Trump et la connerie généralisée.
je sous-note, parce que c'est vraiment un gros 6.

KingRabbit
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le 1 mai 2017

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