De bonnes choses et une fin incompréhensible

Beaucoup d’attente autour de ce dernier James Bond tant de fois repoussé. La bande originale commençant par We have all the time in the world laissait présager cette envie de revisite. L’Aston Martin était de sortie comme pour survoler les soixante ans de la franchise depuis Sean Connery. Et puis, la tonalité change quand James Bond se retrouve en rupture dans sa vie privée avec Madeleine, ce qui précipite sa vie d’espion au point mort. C’est précisément cette disparition des radars du Mi 6 qui s’avère être la première bonne idée du film et ce qui va en découler. Cette façon de rendre Bond imprévisible dans la crise paye sur la première partie du film.Ensuite, le jeu des révélations où Madeleine, Blofeld et Safin ont des clés d’avance sur lui permet de pimenter l’enjeu tout en malmenant l’ancien 007 ( qui depuis Vesper Lynd ramasse quand même pas mal). C’est là qu’avec ce choix de trop psychologiser les tourments intérieurs de l’espion, on choisit aussi de le mettre sur le « crash-test » pour éprouver toutes ses résistances. Sur toute la période Daniel Craig, cette panoplie de volte-faces pour déviriliser l’espion, le montrer comme un homme faillible et impuissant face au destin aura des avantages comme des limites.Et No time to die, malgré tout, s’embarque sur cette direction casse-gueule où l’intrigue de fond ( ah tiens, une saloperie de virus pire que le Covid) parvient même à coller à la vraie vie. C’est là où je me demande quelle est la volonté de Barbara Brocolli, gardienne du temple de la franchise de son père. En réinventant l’environnement bondien, elle s’est retrouvée finalement dans une impasse scénaristique avec la volonté de Daniel Craig de raccrocher le smoking et le Walter PPK. Cet enchaînement de circonstances regrettables fait que ce James Bond propose autant de bonnes choses que de surprises pour arriver à une fin incompréhensible. A vrai dire, on peut cabosser un mythe mais prendre le droit de le saborder de la sorte, ça a franchement du mal à passer car les gens ont besoin de penser que la noirceur réaliste ne puisse pas triompher d’un happy-end souvent bienvenu.Et puis,cette décennie 2020 nous met franchement le moral dans les chaussettes qu’on veut en plus nous plomber le divertissement.Alors oui, en étant un peu optimiste, on aurait préféré un meilleur passement de témoin pour Daniel Craig même si M, Q et la nouvelle 007 en ont encore dans les bottes. A force de déconstruire les histoires et leurs bonnes fins, posons nous une seule question: nos scénaristes chevronnés du monde entier auront-ils raison d’une humanité en quête désespérée de positif en nous montrant que le sort condamne systématiquement ses héros?

Specliseur
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le 8 oct. 2021

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