le 13 nov. 2025
Film appliqué.
Le procès de Nuremberg où certains dignitaires nazis ont été jugés par les Alliés est un moment crucial de l’Histoire, juste après la Seconde Guerre Mondiale, qui a finalement été peu vu sur les...
SensCritique a changé. On vous dit tout ici.
Nuremberg s’ouvre comme un dossier judiciaire : froid, méthodique, presque clinique. Adapté du livre The Nazi and the Psychiatrist de Jack El-Hai, il se concentre sur la relation entre Douglas Kelley, psychiatre américain, et Hermann Göring. Dès les premières scènes, le ton est donné : on ne filmera pas l’Histoire, on la reconstituera. Les décors sont là, les costumes aussi, mais quelque chose manque… À la place, Nuremberg s’enferme dans une esthétique de musée avec des plans sont lissés et des cadrages académiques. Tout est en place pour représenter Nuremberg, mais rien ne hante l’image.
Pourtant, le sujet est intéressant : comment des hommes ordinaires deviennent-ils les architectes de l’horreur ? Comment la banalité se mue-t-elle en monstrueux ? Le film effleure ces questions, mais sans jamais s’y plonger. Il préfère les dialogues ciselés, les regards lourds de sens, et une dramatisation hollywoodienne qui transforme l’un des procès les plus marquants du XXe siècle en un mélodrame psychologique. Vanderbilt semble convaincu qu’il faut expliquer le nazisme à un public supposé amnésique, plutôt que de le montrer dans toute sa mécanique. La propagande, la déshumanisation, la soumission à l’autorité : autant de thèmes mentionnés en passant, comme des notes en bas de page, alors qu’ils devraient être le cœur battant du film. On a l’impression d’assister à une leçon d’histoire édulcorée, où l’on rappelle que le mal existe, sans jamais interroger comment il s’installe et comment il se normalise.
Le film prétend explorer les rouages du mal, mais se contente de les effleurer, comme s’il avait peur de déranger. Göring, interprété avec une théâtralité assumée, devient un personnage de fiction plutôt qu’un symbole de la banalité du mal. Et c’est là le paradoxe : en voulant humaniser le monstre, le film le désamorce. Il en fait un antagoniste charismatique, presque fascinant, plutôt qu’un produit de son temps.
On sort de ce visionnage avec l’impression d’avoir vu un film sur le nazisme, et non un film qui nous force à regarder le nazisme en face. Même peut-être pire encore : un film qui n’a pour seul but que de remettre en lumière un homme de l’ombre américain… un héros perdu dont Hollywood s’estime le devoir de restaurer la grandeur. Il n’est donc pas question de Nuremberg, mais d’un biopic raté, où l’Histoire n’est qu’un décor pour la réhabilitation d’un homme oublié. Le procès devient accessoire, et Göring, malgré sa présence écrasante, n’est plus qu’un faire-valoir dans le récit d’une rédemption hollywoodienne.
Créée
il y a 5 jours
Critique lue 6 fois
le 13 nov. 2025
Le procès de Nuremberg où certains dignitaires nazis ont été jugés par les Alliés est un moment crucial de l’Histoire, juste après la Seconde Guerre Mondiale, qui a finalement été peu vu sur les...
il y a 5 jours
Des documentaires, quelques films de télévision et des quantités de livres d'histoire... Le principal procès du XXe siècle est bien celui de Nuremberg, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le...
il y a 5 jours
Nuremberg s’ouvre comme un dossier judiciaire : froid, méthodique, presque clinique. Adapté du livre The Nazi and the Psychiatrist de Jack El-Hai, il se concentre sur la relation entre Douglas...
le 23 oct. 2025
Suzhou River, de Lou Ye semble être un manifeste cinématographique de la Sixième Génération chinoise. Le film s’ouvre sur une voix, celle d’un vidéaste anonyme qui filme la ville et raconte une...
le 18 nov. 2025
Mémoires du sous-développement, de Tomás Gutiérrez Alea n’est pas seulement un film, mais un essai cinématographique qui déconstruit les mythes du progrès et du sous-développement. Il s’agit d’une...
le 20 oct. 2025
The Taste of Tea est bien plus qu’un simple portrait de famille : c’est une immersion dans un univers où le quotidien se charge de magie, où chaque détail banal peut basculer dans l’étrange sans...
NOUVELLE APP MOBILE.
NOUVELLE EXPÉRIENCE.
Téléchargez l’app SensCritique, explorez, vibrez et partagez vos avis sur vos œuvres préférées.

À proposNotre application mobile Notre extensionAideNous contacterEmploiL'éditoCGUAmazonSOTA
© 2025 SensCritique