Dès le début du film une tension palpable monte peu à peu : un jeune garçon refuse de monter dans un tramway malgré les tentatives désespérées d'une mère magnifiquement campée par Myriem Akheddiou.
Nouvel épisode de tension à l'entrée du palais de justice avec une fouille qui tourne mal. Tout monte crescendo jusqu'à l'audition devant la juge où l'indicible est enfin dit, où l'horrible vérité éclate malgré les dénégations d'un père pathétique et de son avocate qui tente les modes de défense les plus abjects.
Et puis enfin la parole vient à la mère qui livre son récit, sa stupeur et son incrédulité quand elle fait face à l'acte terrible, quand elle comprend que le père, son ex mari, a abusé sexuellement de leur jeune fils ...
Ce film est ancré dans la vérité d'un prétoire et les joutes des avocats, la violence de la procédure pourtant indispensable pour que la justice passe, aucun champ de réflexion n'est évité. Le ventre du spectateur se tord plus d'une fois à la vision d'un telle justesse d'un problème endémique et souvent bien mal traité par les institutions.
Ce long métrage ramassé (1h18 seulement) s'avère pourtant d'une grande densité, le scénario témoigne d'une écriture au cordeau, les dialogues sont d'une puissance inouïe. Aborder ce thème de l'inceste ainsi relève d'un vraie prouesse.
C'est un film coup de poing qu'il faut absolument voir car c'est une vraie œuvre de cinéma et de plus elle fait honneur au sujet qu'elle aborde ; elle ne laissera assurément personne indifférent.
Le final, une scène superbement écrite et filmée, un banal repas de la mère, des deux enfants avec leur avocate, une plaisanterie sur la perruque d'un confrère bienvenue, un vrai souffle de respiration, avant de clore sur un enregistrement pirate effectué par la grande sœur de la déposition des enfants. Là les mots tant attendus sortent enfin : "on vous croit" .
Aussi rude que magnifique, un très grand film.