Alice est tendue. Elle a rendez-vous au tribunal de la jeunesse avec ses enfants. Son fils de dix ans, Étienne, accuse son père, dont elle est divorcée, d’abus sexuels.
C’est une mère au bout de sa vie et au bord de la crise de nerfs face à son cadet, assis au milieu de la rue, refusant de se lever. Pourquoi répéter encore ce qui s’est passé devant une juge qui ne veut pas entendre ? Pourquoi y aller au risque de le croiser ?
Il suffit de peu pour que la tension opère. Décors impersonnels, d’un blanc glacé. Sons stridents, comme une exacerbation. Format carré qui enferme les personnages dans leur malaise, filmés en gros plan. Quand Alice doit partager le cadre avec son ex-mari, une main posée sur sa joue interdit tout échange de regard. Les avocates des deux parties assènent leurs discours accusateurs. Pris en étau, le spectateur devient le témoin contraint d’assister à une affaire trop intime. Que ferait-il à la place de la juge ?
Dans ce premier film intense, qui rappelle l’ouverture de Jusqu’à la garde de Xavier Legrand, l’ogre dénoncé prend les traits de Laurent Capuelluto, au physique de petit bonhomme presque sympathique. L’ombre du doute plane. Mais contre lui, Myriem Akheddiou dévore l’écran. Ses grands yeux sombres, baignés de larmes, sa voix tremblante qui dit l’angoisse du quotidien, mais aussi sa détermination. Noyée, Alice suffoque, mais ne sombre pas. Et lorsque masque et tuba sont benoîtement offerts, elle se fait louve dans un acte trop appuyé, comme le final. Alors que jusque-là, boule au ventre, on croyait à tout.
(6.5/10)
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