Les frères Nasser ouvrent leur film avec la déjà célèbre dernière connerie prononcée par l'homme orange le plus puissant de cette planète pensant pouvoir faire de Gaza la Riviera du Moyen-Orient. Et en un sens, Once upon a time in Gaza prend cet aveu au mot en empruntant des codes de film américain : avec toute l'ironie que cela comprend, on parle de la naissance d'un Gazawood, par exemple. Et la musique du film, magistrale, n'est pas sans rappeler les partitions des westerns de Leone (on pense aux Il était une fois en Amérique et dans l'Ouest, où au trio du Bon, la Brute et le Truand), mais avec des notes arabes fabuleuses.


Divisé en deux parties bien distinctes, l'une autour d'un restaurant de falafels et d'une histoire de trafic de médicaments, l'autre centrée sur le tournage fictif du film d'action gazaoui, le film, comique autant que tragique (dans un sens quasiment antique), est un western de gangster et de vengeance, rappelant les films du genre qui ont fait la gloire d'Hollywood signés Leone, Scorcese ou de Palma, mais sur un arrière-plan plus social de guerre coloniale : les bombardements israéliens ponctuent les scènes de manière impressionnantes. Les réalisateurs disent avoir voulu montrer ce que Gaza était avant le 7 Octobre...


Très vite prévisible (sauf le finale), comme le sont les récits tragiques, le film propose cependant une mise en scène intelligente et efficace, allant également lorgner du côté des films iraniens, notamment dans le jeu des acteurs et la trivialité de l'action, et n'hésitant pas à faire entrer l'humour, jusqu'à l'absurde, entre ces murs fissurés, mais pas encore en ruines. Et le geste de réaliser un film d'action de fiction est, en soi, un geste politique et d'espoir : Gaza vit encore.

Dormir_Debout
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le 27 juin 2025

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