"Attention ça n'est pas un Drive 2", ça tombe bien j'avais trouvé Drive pas mal mais sans plus. Drive c'est de la rigolade à côté d'Only God Forgives.

Alors je comprends tout à fait les reproches qu'on pourrait lui faire (et qui lui sont faits), c'est vide, ça ne raconte rien, c'est poseur. Mais en fait ici on s'en fout.

Schématiquement je pourrais distinguer deux types de films surréalistes :

- Les films surréalistes chiants : type Carlos Reygadas : à savoir une succession de séquences kamoulox sans aucun lien les unes avec les autres. L'emmerdement maximum.

- Les films surréalistes pas chiants : Comme le serait un El Topo de Jodorowski, un Blue Velvet de Lynch, voire un Lost Highway, ou encore un Fellini.
Le point commun, c'est qu'on part d'un postulat de base plutôt cohérent et classique à chaque fois, et par la suite le réalisateur s'amuse comme un dingue, fait le fou, part dans des délires hallucinants et hallucinés, tout en gardant une ligne bien définie aussi ténue soit-elle.

Et "Only God Forgives", à chaque instant c'est la quête délirante d'El Topo, c'est les couloirs rougeâtres de Lost Highway et c'est proprement somptueux, et c'est l'humour au 40ème degré totalement absurde qui infuse le film.

Globalement ça raconte l'histoire d'un mec impuissant qui veut se débarrasser de sa mère, mais franchement c'est secondaire. Et on peut interpréter, surinterpréter le film, à la limite on s'en fout de ça, c'est surtout le kiff dans la salle qui compte.

Après comme dans les oeuvres surréalistes, on a un pseudo contexte de départ : la Thaïlande, les combats de boxe, un simili polar/thriller, mais très rapidement le réal envoie tout valdinguer en partant dans un délire personnel (tout en gardant sa ligne, son scénar ultra mince, voire répétitif, on est parfois à la limite du vaseux, sans jamais la franchir). C'est du pur foutage de gueule surréaliste, et c'est là qu'il ne faut surtout pas voir le film au premier degré, sans quoi on peut effectivement hurler à l'imposture.

Non "Only God Forgives" n'est pas un polar sur fond de drogue, de prostitution, de travelos, et de vengeance.
C'est une putain de claque dans la tronche, c'est du pur cinéma dans le sens où le film est totalement inracontable à l'écrit, l'ambiance est "extraordinaire", et je parle pas du travail sur la musique ou les bruitages qui est fabuleux. On ne voit jamais ça au cinéma. Sérieusement.. Pour moi c'est comme un grand 8 dans les oeuvres surréalistes avec une succession de morceaux de bravoure qui te décrochent la mâchoire.

Et puis c'est sacrément drôle, le décalage, le second degré, les scènes de karaoké, le côté oncle Boonmee/Yoda du méchant qui est juste génial (et on reconnait aussi un bon film à la qualité de son "méchant").
Quel acteur ce Vithaya Pansringarm, quel charisme, quelle présence, il vole la vedette de Scott Thomas et Gosling réunis (pourtant très bons dans ce qu'ils ont à faire). Et y a même E.T. qui fait une brève apparition dans le film.

Et ces scènes plus sublimes les unes que les autres, où Gosling fait limite l'amour par télépathie à la pute, cette scène de filature, et cette scène de poursuite de foutage de gueule des scènes de poursuite au cinéma:

Yoda/oncle Boonmee course le gars qui a essayé de le buter (là aussi dans un gunfight génial et hyper stylisé), mais il est quand même pas hyper crédible en sprinteur fou...
Et là tu vois le mec poursuivi sauter par dessus une barrière, et je me dis, attention ça va être marrant quand on va voir Yoda l'escalader, et Bam ellipse dans la gueule, Yoda est téléporté plus loin, marche trankillou, et intercepte le mec. Génial.

Un moment de cinéma, et un parc d'attractions aux sensations fortes. Limite déçu qu'il se finisse aussi rapidement.

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le 25 mai 2013

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KingRabbit

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