La filiation dans tous ses états et pour cause

Comprendre l'histoire d'Erwan,de sa fille,de ses deux pères,c'est accepter l'idée que la filiation est dans tous ces états et pour cause.En effet,l'histoire de base de ce démineur breton est un coffre de résonance à d'autres destinées peu balisées et donc peu communes. La question d'ensemble posée étant: ces personnages ont-ils besoin de connaître leur filiation pour donner un sens à leurs vies? Chacun d'entre eux ayant leurs propres idées et des postures pour se coltiner avec la question.Ce qui frappe,c'est l'agencement de l'histoire avec ces hommes ou ses femmes qui se cherchent, balancent des vérités qu'ils enfouissaient depuis des lustres pour certains et tentent de ne pas trop se sentir secoués malgré tout. Une façon de rester debout,de s'être fait une raison et de ne pas se laisser submerger.Carine Tardieu,au-delà des émotions pures des scènes comiques, arrive à nous faire penser que la prédestination des gens parents,parfois pas aux faits de leur histoire familiale, est définitivement remarquable. Comme si on bandait les yeux à des personnes d'une même famille et qu'elles iraient sans se consulter dans la même direction.Il fallait un casting homogène pour camper ces différentes variations de l'âme et élever le propos. François Damiens et Cécile de France sont bien servies par des seconds rôles savoureux à l'image des "routiers" Guy Marchand et André Wilms tandis que les jeunes de l'histoire apportent leur contribution enjouée et décalée à l'édifice.Si vous aimez vous faire surprendre par les ruptures de tonalités dramatiques,Ôtez moi d'un doute est un film pour vous.Il vous suffira de vous laisser bercer par sa musique douce amère pour l'apprécier et concevoir les propositions qu'il avance.