La qualité esthétique de Fregonese pour une variation autour de deux trames classiques du western

Deux trames classiques, fréquemment utilisées dans les westerns, sont superposées. 

D’abord c'est la trame des éleveurs qui s'opposent à l'installation des nouveaux colons. C'est ce thème récurrent du western qui sera déployé de manière grandiose dans le bien ultérieur Heaven’s Gate, la Porte du Paradis, de Michael Cimino, en 1980). 

Ensuite, c'est celle de l'ancien pionnier devenu richissime éleveur et immense propriétaire, qui est aussi un tyran domestique (manieur de fouet quand il se fâche) et dont la progéniture est décevante. Avec ce "cattle baron » classique, deux personnages ont des liens affectifs forts avec lui et entre eux :  son" fils prodigue" (joué ici par Scott Brady) et son "fils rêvé » (ici c'est son neveu, joué par Joseph Cotten). 

C’est précisément par exemple le thème du précédent et flamboyant Duel in the Sun, Duel au Soleil de King Vidor, de 1946, et le sous-thème de plusieurs autres westerns ultérieurs, dontl'Homme de la Plaine, de Anthony Mann, en 1955).

Le film est plutôt enlevé, avec beaucoup de péripéties, dont au début celles qui nous présentent la psychologie les personnages. 

L'intrigue sentimentale est que l'amour naïf du personnage joué par Shelley Winters est manipulé par le séduisant fils dévoyé joué par Scott Brady afin d'échapper à la justice, jusqu’à ce que la dinde se rebiffe. Alors, elle va rallier peu à peu à la morale et au pacifisme tout l’entourage du vieux et surtout le neveu joué par Joseph Cotten, avec qui il y aura une nouvelle idylle. 

L’ensemble évolue jusqu’à un face à face des deux camps devant des barrières, à protéger pour les uns ou à abattre pour les autres, une parade non dépourvu de tension dramatique.

A noter la belle esthétique du premier plan, qui est repris au milieu du film : des vaqueros gardant les barbelés dans le crépuscule, et celle de la derniere séquence, dans l’aube ensoleillée : les vaqueros en ligne face aux colons armés. 

L’esthétique était bien le fort de Fregonese dans son précédent film  "Apache Drums", "Quand les Tambours s’arrêteront" ). Elle est ici moins spectaculaire, moins insolite mais quand même remarquable (beauté des gros plans, des costumes des hommes et des femmes, et de Suzan Ball...).

(Notule de 2018 publiée en janvier 2025)

Michael-Faure
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le 26 janv. 2025

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