Double dose d'Aldo (à consommer avec beaucoup de modération)

Dans la grande famille du nanar franchouillard, Aldo Maccione fait sans conteste partie des grandes stars du genre. Les entrées engendrées par des films comme "Tais toi Quand tu Parles" ou "Te Marre pas, C'est pour Rire" en attestent : de 2 à 3 millions de spectateurs à l'époque, des chiffres qui feraient beaucoup d'envieux aujourd'hui, pourtant loin de boxer dans la même catégorie.

De toute évidence, les gouts du public ont changé et c'est tant mieux pour notre cinéma. En effet, on se demande encore ce qui est passé par la tête des plus de 3 millions de personnes qui sont allés voir ce gigantesque nanar tellement la vision de celui-ci est un véritable calvaire.

Retour en 1981. La carrière de Aldo Maccione atteint son apogée avec "Tais Toi Quand tu Parles", première collaboration entre l'acteur italien et l'un des artisans les plus actifs de la comédie de bas étage française, Philippe Clair. Résultat, un succès sans précédent pour un film d'une lourdeur extrême où entre deux blagues foireuses, Aldo nous assène son légendaire déhanché devant un parterre de belles filles sous le soleil de la Tunisie.

2 millions d'entrées plus tard, rebelotte, on prend les mêmes et on recommence et c'est reparti pour de nouvelles aventures tunisiennes à l'accent pied-noir. Ils remettent donc le couvert avec cette histoire invraisemblable qui donne l'impression d'avoir été improvisée pendant le tournage tellement, après une mise en place à peu près logique, le tout part dans tous les sens, pour se finir dans la plus grande confusion.

Cela démarre pourtant bien avec cette histoire de jumeaux, l'un curé, propre sur soi et l'autre délinquant et éternel dragueur, qui pouvait promettre un lot de quiproquos conséquents si Philippe Clair s'était donné la peine d'écrire un minimum son script. Au lieu de cela, il préfère mettre immédiatement le personnage du Aldo curé de côté pour se focaliser sur l'autre Aldo, lui permettant de déployer tout son "art" de la blague et de la séduction. Inutile de préciser que l'intrigue principale est reléguée très loin derrière, on est là pour satisfaire les fans de la star et de son humour particulier et on ne va pas s'en priver. On repart donc dans le même schéma que le film précédent avec un retour en Tunisie, théâtre encore, des pitreries lourdingues de nos deux compères.

C'est donc à un spectacle affligeant auquel nous assistons, véritable succession de situations éculées, prétextes une nouvelle fois à montrer des jolies filles autour d'un Maccione visiblement convaincu par son extrême talent. Ce qui sur 5 minutes pourrait à la rigueur passer, devient insupportable sur 1h45.

Malgré cela et pour sa défense, c'est un esprit bon enfant qui domine sur l'ensemble malgré la tension, hors des caméras entre un Aldo capricieux et un Philippe Clair caractériel qui ne transparait à aucun moment à l'écran. Ce qui fait certainement qu'encore aujourd'hui, ce film a un nombre conséquent de fans absolus qui se délectent avec beaucoup de recul, de ce spectacle pesant. Il en faut bien pour tout le monde...

Massimiliano_N
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le 14 juil. 2025

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