Ca commence directement avec deux Predators dans un environnement désertique, qui se battent avec des lames plasma capables de tout découper (!). Entre cette première scène qui évoque un sous-Star Wars, et des retours qui parlaient d'un film presque familial, j'ai eu peur au début.
Mais heureusement, "Predator: Badlands" est, pour une suite Predator, une jolie réussite. Certes, on est très loin de l'esprit du film de 1987, car ce n'est pas du tout le but ici. D'ailleurs on n'entendra pas le thème musical d'Alan Silvestri, repris à toutes les sauces par les autres suites. Par contre on est très proche de l'esprit des comics Predator et (surtout) des comics Aliens vs Predator. Dan Trachtenberg est visiblement allé piocher de ce côté là, et ça fait plaisir.
Ce n'est pas non plus un film '"familial" comme j'ai pu le lire. Certes, le Predator est humanisé. Certes il y a quelques bons sentiments. Néanmoins cela reste une oeuvre très violente. Je soupçonne qu'elle a échappé à son R-rated aux USA parce qu'on n'y voit pas de sang humain, ni d'humain tout court d'ailleurs. Mais il y a beaucoup de membres découpés ou estropiés, des synthétiques massacrés, des morceaux de bras, jambes, têtes, etc. Bref, n'emmenez pas vos enfants !
J'irai même jusqu'à dire que le film nous offre ce que les suites précédentes nous avaient refusés. La planète hostile remplie de créatures dangereuses ? C'est ce qu'on aurait du voir dans "Predators" en 2010, au lieu d'une jungle ressemblant à la Terre. Le Predator qui affronte des troupes de la Weyland Yutani ? C'est qu'on aurait du voir dans le film "Alien vs Predator", car c'est un peu la base des comics et jeux vidéo AvP.
Dans l'ensemble, c'est un long-métrage efficace, on ne s'ennuie jamais. Le bestiaire est bien pensé et très ludique, c'est lui qui permet les surprises. Les scènes d'action (hormis certains corps à corps) sont bien menées. Dont quelques affrontements originaux grâce au "handicap" du personnage d'Elle Fanning, qui n'a plus de jambes (enfin du moins pas attachées !).
La trame est certes convenue, mais elle fonctionne. En particulier, le tandem synthétique Thia / Predator Dek marche adroitement. Grâce au jeu pétillant d'Elle Fanning, mais aussi à l'écriture bien vue de la construction de cette équipe. Par exemple le manque de jambes, la manière dont ils se comprennent, ou la raison pour laquelle Dek accepte de faire équipe avec elle.
J'ai aussi apprécié que les clins d'oeil avec les franchises Alien et Predator restent peu nombreux, non poussifs. On ressent évidemment qu'ils veulent nous vendre un nouveau film AvP. Toutefois ces éléments ont du sens ici : le tandem fonctionne parce Thia est justement une synthétique de la Weyland Yutani.
Quelques réserves tout de même dans cette aventure. Certains corps à corps s'avèrent un peu brouillons en termes de montage. La mise en scène est parfois impersonnelle, j'ai par moment eu l'occasion de regarder une série à gros budget.
Côté antagonistes, les (nombreux) synthétiques de combat se révèlent être des grosses tanches. Ils auraient du en utiliser une poignée mais avec une vraie menace, et une vraie personnalité.
Heureusement que Elle Fanning est convaincante dans son double rôle et offre une méchant inattendue.
Reste au niveau scénario l'aspect bancal de la relation entre la Weyland Yutani et les Yautja. Sans rentrer dans les détails, il y a quelques étrangetés.
Néanmoins, globalement "Predator: Badlands" est une série B de SF décomplexée, ludique et efficace. Peut-être la meilleure suite Predator à ce jour, au coude à coude avec "Predator 2".