Sympathique buddy movie.


Ce qui le fait se démarquer des autres, c'est le ton sobre et l'univers estudiantin. Ça aurait pu être poussé plus loin : le côté compétitif est important et pourtant c'est à peine si c'est approfondi, de même que la relation au père est si superficielle qu'on dirait une mise en place plus qu'un développement (la scène familiale à la fin est tout de même un peu touchante). L'amitié est un peu forcée, ça manque de moments où l'on sent vraiment naître la complicité entre les deux larrons : pour cause, ça manque un peu de gros conflits ; les conflits sont présents mais toujours surmontables grâce au travail d'équipe, à aucun moment on ne sent une réelle grosse difficulté qui va les rapprocher, tout paraît un peu trop facile (ce qui est incohérent au vu de la situation du tripleur). Les dialogues sont sympathiques, amusants ; en effet l'auteur opte pour un humour bien placé afin de rendre le tout plus léger.


La mise en scène est globalement sobre ; la photographie est simple, le travail de lumière naturaliste ; le découpage est au plus simple, pertinent, jamais maniéré. Le montage est globalement réussi ; on peut reprocher des séquences un peu vite expédiées, mais le problème se situe plus certainement dans le scénario de base que dans la réécriture faite au montage. Le choix musical est assez surprenant puisqu'on associe en général ce style à une imagerie plus stylisée. Les acteurs sont très bons : ils vont au plus simple. Lacoste a plus de mal à se faire oublier, les autres plus amateurs paraissent plus naturels, mais il parvient malgré tout à être sobre, plus sobre que ce à quoi il nous habitué. Le duo fonctionne assez bien malgré qu'il n'y ait pas trop d'alchimie ; je vois ça comme un choix d'écriture, car les deux bougres ne sont jamais réellement très proches, ils ne font jamais que bosser ensemble, s'entre-aider, mais on ne peut pas vraiment parler d'amitié je pense.


Pour en revenir à l'écriture, je suis un peu déçu qu'on ne s'intéresse pas plu au parcours du héros, surtout que la relation au père n'est pas très développée de toutes façons ; vu que le bougre raffole de la nourriture, j'ai cru qu'il allait se reconvertir à la cuisine, mais vu la scène avec le père pour préparer un repas, on comprend que ce ne sera pas le cas. En revanche, on remarque, à la fin surtout, que le bonhomme est particulièrement doué pour expliquer... et comme il est mentionné plus tôt dans le film que ceux qui ratent peuvent devenir profs, il aurait été possible d'imaginer un tel changement de cap.


Bref, ça se regarde assez bien, même si c'est un peu décevant (ça aurait pu aller plus loin sur plusieurs aspects de l'écriture).


PS : tout cela m'a rappelé mes études ; dans mon école d'art je n'ai pas beaucoup de cours théoriques ; il y avait bien des cours pour permettre de trier, mais c'était assez facile, il suffisait de bien relire les cours. L'univ, je sais pas si j'aurais été capable. J'ai réussi mes secondaires sans aucun examen de passage, donc j'imagine que c'est possible. Faut savoir que j'avais hésité entre l'art et la philosophie à un moment ; je lis peu la philo, mais je trouve que c'est passionnant quand je m'y plonge. Je n'aurais pas eu plus de débouchés... je serais certainement prof aussi, mais pas d'art... enfin, pour ça il aurait fallu réussir mes études... je me demande... je me demande...


PPS : je vois que c'est le troisième film sur le milieu hospitalier par ce réal. Pas été convaincu par "Médecin de campagne", mais ce n'est pas grave : ce qui est chouette, c'est devoir que des gens issus d'un milieu particulier trouvent l'énergie et l'envie de raconter des histoires... ça permet aux gens normaux de découvrir des univers qu'on connaît assez mal si on ne pratique pas la profession. J'espère que ce bonhomme va inspirer d'autres gens à se lancer dans l'écriture et permettre ainsi aux spectateurs de découvrir plein d'envers du décor.

Fatpooper
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le 11 janv. 2019

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Fatpooper

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