Queen And Country, Un John Boorman Pas Si Vieux Que Ça!

La musique se coupe, des gens s’agitent au bas des marches, quelqu’un arrive ; il a les cheveux blancs, et une canne à la main pour l’aider à marcher, car le monsieur n’est plus tout jeune, il a 81 ans ! C’est John Boorman ! Il vient présenter son dernier film Queen and Country ! C’est alors que la présentation commence, il introduit son long-métrage avec humour et cet accent anglais si distingué. Son discours fini il repart, nous laissant dans le noir, puis l’écran s’illumine et le film commence, mais par la fin d’un autre : Hope and Glory, son film d’une grande inspiration autobiographique. Comme il nous l’a expliqué lors de sa présentation, Queen and Country s’inspire de sa vie, une dizaine d’années après les événements de Hope and Glory.

Ce monsieur a une longue carrière derrière lui, 17 films, tels que « Duel dans le pacifique », « Délivrance », « Zardoz », « L'Exorciste 2 : l'hérétique », « Excalibur », « Rangoon », « Le Tailleur de Panamá » et plus récemment « In My Country », et « The Tiger's Tail ». Il est passé par beaucoup de genres le survival, la S.F, l’horreur, la fantasy, l’espionnage, le film de gangster, la comédie… C’est donc un réalisateur éclectique qui n’hésite pas à changer de composition, et la majorité du temps avec une belle réussite à la clé (on ne parlera pas de Zardoz pour éviter les débats).

Le film se déroule dans les années 50 en pleine guerre de Corée, à la mort du roi George VI et du couronnement d’Élisabeth II. Le jeune garçon est devenu un jeune homme et l’appel du devoir pointe son nez venant chambouler sa vie tranquille. Il va découvrir la camaraderie, l’amour, et les rouages des machineries implacables que sont les institutions et en particulier celle de l’armée. Le film est avant tout une comédie, et c’est vrai on rit de bout en bout, voir ce jeune homme découvrir la vie au travers de ses diverses expériences est un vrai plaisir !

On retrouve une déclaration d’amour au cinéma tout au long de la production avec des clins d’œil aux films de l’époque et à de grands réalisateurs : Kurusawa, Hitchcock, Billy Wilder, cinéma qui est d’ailleurs la passion du personnage principal Bill Rohan (Callum Turner). On a aussi droit à un hommage à l’acteur Toshiro Mifune qui fait une apparition au travers du film Rashomon que les personnages regardent dans un cinéma, acteur que John Boorman avait dirigé dans Duel dans le pacifique au côté de Lee Marvin.

Les acteurs sont bons, particulièrement le duo Percy Hapgood (Caleb Landry Jones) et Bill Rohan (Callum Turner) qui nous font partager leur amitié dont on devient vite complice ! Mais c’est le sous- officier Bradley (David Wheeler) qui remporte la médaille avec une interprétation sans faille ; il incarne parfaitement son personnage de psycho rigide doté d’un balai dans l’anus, lui permettant de rester stoïque une bonne partie du film, tout en restant humain et attachant (c’est un balai souple). Le reste du casting est à la hauteur, les personnages secondaires sont bien travaillés, ils ont leurs petites histoires leurs donnant du relief.

Notre médaillé d’honneur est d’ailleurs un point important de l’histoire, puisqu’il incarne littéralement l’esprit de l’armée. Esprit qui est en complète contradiction avec ce que les jeunes représentent, c'est-à-dire la liberté et l’émancipation envers les diverses institutions : royale, politique ou patriotique (l’armée), cette jeunesse qui ne voit plus le monde comme le voyaient ses parents. Au travers des personnages, c’est ce cheminement que l’on suit, et qui aboutit au destin de nos deux amis, l’un ayant réussi à trouver son chemin et l’autre, ayant été happé par l’engrenage infernal de la machine militaire et de ses non-sens.

Pour finir, je rajouterais que le film possède des passages particulièrement poétiques et réussis, par exemple lorsque le héros se retrouve seul avec Ophélia (Tamsin Egerton) et découvre l’amour. C’est donc un film qui aime le cinéma et qui le montre, un film à voir, qui nous amuse et nous fait rire de situations parfois dramatiques mais toujours avec une pointe d’humour !
cinemadegenre
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le 30 nov. 2014

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