À partir d’un scénario inepte qui semble improvisé à mesure que s’enchaînent les scènes, Old School entasse les fantasmes d’adultes attardés dont la nostalgie pour un passé libertaire avec alcool et sexualité n’est jamais employée comme un moteur dramatique à part entière, mais légitime des couches successives de blagues régressives et faciles. Ce qu’il y a de fascinant dans la filmographie de Todd Phillips, c’est sa propension à aller toujours plus loin dans ce qui est d’emblée dépourvu de profondeur : alors il fonce tête baissée dans un mur, casse le mur, se heurte à un nouveau mur qu’il brise de nouveau. Le souci, c’est que son entreprise de démolition pseudo-burlesque s’interdit toute réflexion critique : en mettant ainsi en branle les codes de la comédie adolescente, le réalisateur ne propose rien à la place qui puisse participer d’une redéfinition du genre, ou d’une déclinaison ludique et personnelle. Le sens de l’intrigue nous échappe et ne réussit pas à construire un capital sympathie pour ses personnages : les ellipses s’avèrent fort mal insérées et brouillent le repérage dans le temps et l’espace. Et que dire de l’avalanche de grossièretés, sinon qu’elle paraît réglée sur mode automatique ? La complaisance règne ici en maître et décline la bêtise à toutes les sauces comme on remplit les cases d’un coloriage magique avec plein de couleurs : des fesses des seins en veux-tu en voilà, des acteurs pas au meilleur de leur forme et contraints à répéter une même série de grimaces jusqu’au générique de fin. On ne comprend pas ce qui a pu motiver Phillips, hormis le fait de réunir une bande de potes le temps d’un film peu drôle et à la vulgarité gratuite qui n’a de sincère que la nudité de Will Ferrell.