Running Man faisait partie de mes grosses attentes de cette année 2025 pour une raison toute simple : j'adore le cinéma d'Edgar Wright - y compris son dernier opus Last Night in Soho qui a pas mal divisé ses fans - et de ce fait, la note ma foi assez positive que je lui accorde est presque synonyme de déception, notamment sur sa deuxième partie où le propos se fait moins convaincant que sur la première. Mais bon, je ne vais pas vous la faire à l'envers, dans l'ensemble, j'ai aimé le film.
Bon déjà, l'univers visuel est magnifié par la photographie du sud-coréen Chung Chung-hoon, principalement connu pour ses collaborations avec Park Chan-wook, et qui sied parfaitement au style de Wright, qui livre comme à son habitude une superbe mise en scène et quelques scènes d'action très specta-cul-aires (je pense que les fans féminines de l'acteur vont apprécier une certaine scène en serviette de bain) toujours au plus près de son protagoniste porté par un Glen Powell très convaincant et qui a su emporter mon adhésion dès les premières scènes et ce jusqu'à la fin. Le reste du casting n'est pas en reste et si l'on ne risque pas de les voir aux prochains Oscars, Josh Brolin, Lee Pace, Michael Cera ou Colman Domingo font de très solides seconds rôles.
Là où le bât blesse, c'est sur la manière dont les thématiques du film semblent dépassées. En effet, en science-fiction, on est presque toujours dans une sorte de métaphore du monde dans lequel nous vivons, une extrapolation par rapport à notre quotidien pour tirer en quelque sorte la sonnette d'alarme et c'est presque le problème dans Running Man, nous vivons à une époque où une telle émission dans un monde fascisant est pas loin d'être envisageable (j'ai vécu à peu près la même chose en découvrant Assassin(s) de Kassovitz récemment qui dénonce l'ensauvagement d'une certaine frange de la société qui fait presque comédie de mœurs en 2025). On pourrait même trouver le réalisateur un peu naïf dans sa manière de dénoncer la manipulation du public par les médias.
Mais la question qui me hante depuis que j'ai vu le film est : et si Edgar Wright avait conscience de c(s)es limites et que Running Man n'avait pas pour but de dénoncer les dérives de notre société mais au contraire, il ne s'agirait ici que d'une façade pour se moquer plus ou moins gentiment du public, en l'invitant à rester alerte sur le flot d'images qui nous parviennent en régime quotidien?? En effet, à plusieurs reprises, le protagoniste regarde le plus sérieusement du monde une télé-réalité inspirée des Kardashian et j'ai beau adoré Mr. Wright depuis vingt ans, je ne l'ai pas attendu pour savoir que ce genre de programme n'est même pas digne d'être qualifiée de bouse de vache, et du coup, je me demande s'il ne faut pas appliquer ce traitement farceur à l'ensemble du film, qui du coup serait moins un film de science-fiction pur et dur qu'une parodie sur l'appauvrissement des exigences des spectateurs sur les contenus qu'ils se coltinent à longueur de journée.
Bref, Edgar Wright aurait pu/du pousser le curseur un peu plus loin en adaptant cette histoire de Stephen King qui date de 40 ans, heureusement que Running Man reste un film très cool et amusant, porté par des personnages hauts en couleur que j'ai aimé suivre sur un peu plus de deux heures et peut être sera t'il réévalué à la hausse quand on l'aura décanter!!