Profiter de l'Actualité

Avant de commencer je préfère le préciser mais je suis bien évidemment féministe/humaniste et estime avoir des valeurs humaines, politiques et environnementales. Je prône le respect et l'égalité entre toutes personnes. Ce que je vais dire sur le film ne concerne que ce que je pense de l'aspect qualitatif du celui-ci et non les valeurs qu'il veut mettre en avant. Sur ces paroles pompeuses lançons nous dés à présent dans ma critique du nouveau long-métrage de Jay Roach sur lequel j'ai beaucoup de mal à m'exprimer.

"Scandale" nous plonge donc au coeur d'une affaire d'harcèlement (psychologique et sexuel) au travail ayant eu lieu sur la chaîne de télévision américaine Fox News durant l'année 2016 ayant conduit a-à la démission de son grand patron : Roger Ailes.
Le film se veut comme une certaine synthèse du mouvement "me too". J'ai bien entendu un immense respect pour ces personnes arrivant à sortir du silence suite a avoir vécu pareil traumatisme. J'attend cependant d'une oeuvre cinématographique qu'elle soit pertinente et qu'elle ne se limite pas à se reposer sur les valeurs qu'elle prétend défendre. Le gros problème de "Scandale" se trouve pourtant bien ici...

L'existence de ce long-métrage me fut dévoilé par le biais d'une bande annonce ayant déjà de quoi fortement inquiéter. Mon problème étant déjà que l'on sent une volonté d'offrir un film "cool" si je puis dire. Un produit typiquement américain, pour un environnement typiquement américain certe, mais ne cherchant jamais la réflexion ou la profondeur dans les propos. Le morceau "Bad Guy" de la jeune artiste musicale Billie Eillish (que je n'aime personnellement pas du tout) rythmant le trailer, il était claire que "Scandale" serait un film ne faisant qu'exposer son propos mais ne le rendant au final pas vraiment pertinent. J'avais extrêmement peur du malaise que pouvait donner une oeuvre cherchant à faire un film "cool" (excusez l'expression mais je ne vois pas d'autres qualificatifs) sur un sujet pareil. Finalement nous ne sommes tout de même pas dans la catastrophe absolue mais ce que j'appellerai le bel emballage cadeau conduisant à l'échec.

Le film en lui-même peut se tenir. En effet il reste très regardable et relativement attractif à suivre. La réalisation est extrêmement classique et rien en vient finalement transcender le long-métrage. C'est bien là que le bas blesse. Rien n'est fait pour sentir l'horreur réelle de la situation. Nous savons être face à un film et tout est fait pour nous le rappeler. La démission de Roger Ailes datant de juillet 2016, le film a pris donc 3 ans environs à être développé. Cela est relativement court pour un film de cet envergure se voulant très actuel. Je ne sais pas si c'est le hasard du calendrier (j'en doute un peu) mais "Scandale" sort pratiquement en même temps que le début du procès du tristement célèbre Harvey Wenstein. Cela en fait donc un produit surfant terriblement sur l'actualité contemporaine mais également des 4-5 dernières années médiatique sur le sujet "me too". C'est un film très facile en fait, trop facile pour le sujet qu'il décide de traiter.

Je pense qu'une oeuvre sur un les sujets sensibles comme celui-ci se doivent d'amener à une réflexion ou au moins à la réactivité quelle qu'elle soit. Le film se veut féministe si je puis dire mais ne cherche pas à établir autre chose qu'à se vendre comme féministe. Nous ne sommes pas loin de Disney et ses pratiques fumeuses destinées à se donner bonne conscience concernant l'imagerie de la femme au cinéma. "Scandale" ne fait que parler d'un fait divers et de l'harcèlement mais ne creuse pas. De plus la présence d'acteurs connus au casting ne facilite pas le fait de pouvoir réellement s'identifier aux personnages (même si justement c'est l'effet inverse qui est recherché normalement). Cela est purement subjectif mais j'estime que des visages moins reconnaissables auraient peut-être aidé à créer de vrais personnages si je puis dire (même si l'on se base sur des caractères réels).
Le pire dans tout cela est qu'à mon sens on ne ressent à aucun moment l'horreur de la situation présentée. Que l'on soit bien claire, je n'attend pas de voir une scène de viol de 13 minutes en plan séquence comme dans "Irréversible" de Gaspard Noé. Mais j'espère avoir au moins l'impression de me rendre compte du traumatisme que cela peut représenter même dans la suggestion (sur un autre registre regardez "Mysterious Skin" de Gregg Araki par exemple), hors il n'en est rien. Le personnage de Margot Robbie (personnage inventé spécialement pour le film) fonctionne comme un personnage de cinéma basique mais pas comme un personnage crédible à l'écran. Je ne trouve pas que l'on soit face à une oeuvre permettant de comprendre (contrairement à ce que certains disent) pourquoi les victimes se taisent et pourquoi leurs bourreaux semblent passer entre les mailles du filet.

En terme de d'acting, comme dit précédemment je trouve Margot Robbie peu convaincante (en terme général je ne trouve pas qu'elle soit une actrice incroyable mais ça n'engage que moi). Nicole Kidman quand à elle reprend bien les traits de la personne qu'elle incarne mais reste dans un jeu très classique qui ne cassera à aucun moment l'écran. John Lithgow joue correctement mais reste dans le cliché du patron libidineux pervers (ce qui est voulu). Charlize Theron est clairement l'actrice sortant son épingle du jeu et qui donne envie d'être suivie au cours du long-métrage, très bonne prestation de sa part.
Les maquillages sont le point fort du film, peu de choses de plus à dire si ce n'est que la ressemblance avec les caractères d'origine est bluffante. Excellent travail sur ce point cela est indéniable (si bien que je comprend sa nomination aux oscars dans cette catégorie).

"Scandale" est classique, trop classique. C'est le cliché du film américain sur les américain trop américanisée. On veut donner un image "cool" d'un film parlant de viol ce que je trouve plus que discutable. Le long-métrage aurait peut-être du se contenter d'être en fait un documentaire et non une adaptation d'un fait réel car dans les fait il n'en reprend que la forme mais ne cherche pas le fond. Certains me trouveront trop sévère avec Scandale mais à mon sens il donne l'inverse de ce qu'il cherche. Le film donne presque plus d'importance et de développement à Roger Ailes qu'aux victimes, comme si il était fascinant mais pas dans le bon sens du terme (si bon sens il y a). "Scandale" se satisfait dans son classicisme et a vision du mouvement "me too". Il n'est pas féministe mais prétend l'être en en faisant l'argument principal de vente. Le féminisme devient malheureusement aujourd'hui un argument commercial alors qu'il devrait être simplement admis dans toutes les conscience afin de mener à l'égalité.
L'aspect politique tente également de brosser le spectateur dans le sens du poil ou nous montrons que Fox News c'est le diable et Trump le méchant président. Le tout sans la moindre pincette ou subtilité.

Le classicisme et l'incompréhension de son sujet sont ce qui fait à mon sens de ce long-métrage un échec. J'imagine que le film fonctionnera bien et que certains y verront un grand film sur le harcèlement mais il me semble plus claire d'y voir une oeuvre fait à la va-vite en profitant de l'actualité. Assez désolant malheureusement...