Une jeune femme et un jeune homme marchent le long de la rivière Fuchun qui traverse la ville. Ils flirtent depuis quelques temps mais hésitent à manifester davantage leur amour. Il faut dire qu'une partie de la famille de la jeune femme désapprouve cette liaison. La caméra, placée au milieu de la rivière les suit à distance. C'est alors que le jeune homme lance un pari à sa compagne de promenade " je t'assure que j'arriverai là bas avant toi, moi à la nage et toi par le chemin". Pari tenu. Le jeune homme se déshabille et se jette à l'eau. La jeune femme emprunte le chemin à travers les arbres. Le jeune homme brasse du mieux qu'il peut, tandis que la jeune femme apparait/disparait à travers la frondaison des arbres. Ils se retrouvent au bout de quelques minutes au lieu d'arrivée, puis ils poursuivent leur balade le long du fleuve tout en discutant. Ils arrivent enfin à l'embarcadère juste à temps pour grimper à bord.
Ce travelling/plan-séquence d'une dizaine de minutes est magnifique dans sa simplicité et dans sa force de suggestion. C'est fin, c'est juste. Une vraie leçon de cinéma.


D'autres passage du film sont de la même veine, associant comme dans un haïku une nature sereine et des émotions complexes. Comme ce moment où un des quatre frères autour duquel le récit gravite, le plus jeune, mais déjà quadragénaire et n'ayant toujours pas trouvé de compagne, accepte, poussé par ses ainés, un rendez-vous avec une femme. On les retrouve sous le couvert d'un arbre magnifique, un camphrier multi centenaire qui domine le fleuve, métaphore de la vie qui passe. Ils conversent maladroitement, à demi-mot, car l'homme n'est pas bavard. Une scène toute simple mais très efficace.


Un très beau premier film, sans héros, sans coup d'éclat ou si peu, sans véritable tension dramatique mais porté par un rythme, une poésie visuelle et une mise en scène parfaitement maitrisée.


8.5/10
<3


Personnages/interprétation : 9/10
Histoire/scénario : 6/10
Mise en scène/réalisation : 10/10

Theloma
9
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le 3 févr. 2020

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Theloma

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