Dans Hour of the Gun, John Sturges révise une légende qu’il avait lui-même mise en scène dix ans auparavant avec Gunfight at the O.K. Corral (1957), grand succès populaire qui mettait sur le devant de la scène la rivalité larvée entre Wyatt Earp et Ike Clanton. Or, là où le premier relevait du western hollywoodien flamboyant, campé par des vedettes, diverti par les bluettes amoureuses et scandé par le thème musical entêtant de Dimitri Tiomkin, le second tend à rectifier le tir en déconstruisant l’édifice de glorification : il s’ouvre sur une séquence qui clôturait son prédécesseur comme pour interdire de représenter une fois encore la rixe à O.K. Corral comme un point d’orgue ; celle-ci n’est qu’un point de départ à partir duquel se met en place un conflit intestin entre deux familles qui se ressemblent, en dépit des valeurs prétendument incarnées par chacune d’elles – conflit qui se rejoue dans l’espace du tribunal : les fusillades mutent alors en joutes verbales et en quête d’authentification de la réalité rendu complexe par le travail de sape des deux parties.

L’évolution narrative et esthétique de Sturges mime ainsi celle de John Ford qui, cinq ans plus tôt, réalisait The Man Who Shot Liberty Valance (1962) et déconstruisait à son tour les entreprises de mythification de l’Ouest américain par une inculpation de l’héroïsme et de la culpabilité. Pourtant, Sturges préfère sacrifier la rigueur d’analyse à la vitesse d’exécution de son récit, ce qui entraîne une alternance schématique de scènes de confrontation extérieures et intérieures, dans la poussière ou face au juge, qui finit par lasser. Ce défaut est rattrapé par la qualité d’interprétation des comédiens et par la partition musicale de Jerry Goldsmith.

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le 28 juin 2023

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