Mars arnacks!
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
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le 11 oct. 2015
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Le film ne sait se décider entre faux documentaire et blockbuster apocalyptique traditionnel de l'Oncle Sam. Tout le film pâtit de cette tentative d'hybridation.
Le côté blockbuster nous abreuve des inepties habituelles :
- physique pas respectée, désolé, mais ça fait sortir du film,
- USA above all,
- le clampin croupissant dans un recoin oublié de bureau qui sort tout chaud de son cul la solution évidente à laquelle personne d'autre n'avait pensé, le tout présenté de la façon la plus condescendante possible, avec un supplément bouffon, parce que c'est la spécialité du réal, quand même, faut pas oublier,
- la séance de brainstorming des intelligents qui font de la scionce digne du premier clampin qui passe pour ne pas trouver la solution.
- la putain de célébration de la religion salvatrice. Faut pas oublier que ça vient de chez l'Oncle Sam "In God we trust" (trad. "Ma quenouille va toujours plus loin.")
Alors le film aurait pu jouer intelligemment avec le genre surreprésenté du blockbuster décérébré nationaliste en le transformant en autocaricature. Mais bon, le réal en question est allergique à l'intelligence. Et ce n'est pas le genre de s'autocaricaturer. C'est sérieux, le nationalisme états-unien.
Tiens, juste parce que j'en ai marre je vais lister les inepties physiques dont je me rappelle, parce que ça fait du bien de râler. C'est thérapeutique. Je sais que d'autres l'ont fait, mais je le fais aussi quand-même.
- La tempête martienne du film, c'est une tempête terrestre peinte en rouille. Sur Mars, il y a des tempêtes, mais leur force est comparable à une brise terrestre.
- La gravitation martienne plus légère que sur Terre n'est pas respectée, le poids est divisé grosso modo par 3 sur Mars.
- La bâche ne peut pas retenir la pression d'une atmosphère terrestre.
- C'est quoi ces clowns qui envoient du matos en carton qui ne tient pas la première tempête qui passe ? Ça coûte cher d'envoyer ces zozos tout là haut. Surtout que le film insiste bien sur les questions de pognon dans l'arc du brainstorming.
- Se propulser par l'air qui sort de sa combi ? Pourquoi pas en pétant et en rotant ? Le cul fait moteur principal et la bouche moteur d'appoint pour les manœuvres de précision.
- Mars n'héberge pas les microbiotes (jusqu'à nouvel ordre) qui transforment les excréments en terreau.
- La poussière martienne est une calamité hyperoxydante et hyperfine. En respirer serait extrêmement dangereux. Elle s'insinue partout et elle fait déjà chier les robots que l'on a envoyés là-bas. Et quand bien même, elle est sursaturée en fer, c'est ce qui donne la couleur rouge à la Planète Rouge, l'astronaute se serait empoisonné au fer en très peu de temps.
Même les trop rares bonnes idées, comme l'utilisation de l'hexadécimal et du code ASCII pour la communication, sont sabotées parce qu'elles sont forcées. Ils ont un vaisseau spatial de la taille de l'Hermès mais ils n'ont pas déployé trois satellites pour relayer les communications Mars-Terre même quand la Planète Rouge est située derrière le Soleil par rapport à la Terre ? D'ailleurs, bizarrement, la vieille sonde asthmatique arrive à communiquer avec la Terre sans problème.
Quant au côté faux documentaire, il nous apporte un peu de fraîcheur. Des paysages vertigineux autour d'un astronaute isolé dans son tank, du contemplatif, de l'extra-terrestre montré, contemplé, investi. Mais ces paysages, on ne les voit que trop peu, seulement quelques minutes sur tout le film. Et c'est encore pollué par les remarques nombrilistes de l'états-unien moyen qu'est le protagoniste principal. Et en plus, je ne suis pas certain que ces paysages martiens soient tout à fait martiens. Ç'a été tourné dans le Wadi Rum, mais est-ce qu'ils ont mis de véritables paysages martiens, ou ont-ils seulement vaguement modifié des paysages terrestres ? J'ai l'impression que c'est la seconde option. On a cartographié Mars, on est capable de reconstituer ses vrais paysages en détail.
Un bon point pour les équipes sur Terre qui cherchent les solutions en travaillant sur les répliques du matos présent sur Mars. C'est inspiré de la résolution des problèmes rencontrés par les missions Apollo.
Cependant l'arc du brainstorming, directement issu du côté blockbuster, tue l'ambiance créée autour de l'astronaute seul sur Mars. Ce retour sur Terre en cours de narration désamorce les tensions créées autour de l'astronaute.
Et puis, ce Matt Damon "maigrichon", quelle blague. Il en faut peu pour être maigre chez les suceurs de steaks hachés.
J'aurais tellement aimé un faux documentaire, ç'aurait été tellement rafraichissant. En plus, un faux documentaire, ça n'est pas forcément ennuyeux, un faux documentaire rythmé, ça peut se faire.
Donc le film hybride (très mal) deux genres. On a de l'états-unien qui fait de l'états-unien. Mais comme il faut donner une note comme un prof note une copie, j'ai fait au feeling, et c'est pas terrible.
D'ailleurs, c'est un peu un "Il faut sauver le soldat Ryan" de l'espace.
Créée
le 1 sept. 2025
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