Je suis un homme simple, vous me dites Ridley Scott, je file comme une étoile voir le film. Et ce n'est pas un ciné bondé en pleines vacances de la Toussaint qui me fera annuler la mission.


Les planètes étaient alignées pour la sortie de ce film : d'abord Gravity, puis Interstellar qui ont propulsé le style SF au top des box-offices, puis l'annonce tambours battants de la NASA après la découverte d'eau liquide sur la planète rouge. Bref, un contexte qui donne envie de lever la tête pour regarder les étoiles. Attention cependant, car les attentes sont d'autant plus grandes quand tous les télescopes sont braqués sur vous...


Maman j'ai raté le MAV
Bon alors voilà le pitch : l'homme a mis le pied sur Mars avec le programme Arès, mais la mission perturbée par une tempête doit être annulée. L'équipe évacuant la planète au dernier moment à bord du Mars Acsent Vehicle laisse pour mort derrière elle par erreur Matt Damon (dont le dernier long séjour seul sur une planète ne s'est pas bien fini).


Space survivor list : GoPro, Space duct tape, Shit
Comme une suite spirituelle d'Apollo 13, le film se construit avec deux intrigues planétaires parallèles, séparées par 225M de km, mais toutes deux reliées par le fantasme masochiste de l'ingénieur dopé au café qui doit utiliser toute sa matière grise pour bricoler des trucs à la Mac Gyver (principalement avec du scotch) et faire des trucs de loup pour survivre aux avaries. Un vrai épisode collector de Man Vs Wild très cool. En introduisant régulièrement des plans filmés à la GoPro par le protagoniste ou par sa combinaison, Ridley Scott fait un pari : permettre à Matt Damon de s'adresser directement au spectateur sans voix off. C'est assez réussi au niveau de l'immersion et c'est une technique cohérente par rapport à l'histoire, néanmoins, le style caractéristique d'un plan à la GoPro fait perdre beaucoup de points à la photographie avec un look vidéo YouTube peu commun au cinéma qui peut gêner.


Ground control to Matt Damon
Au niveau du casting, Matt Damon, au top dans son rôle de Bear Grylls martien, est accompagné d'une volée d'acteurs secondaires mais bien présents et assez crédibles ; avec une bonne surprise : Sean Bean toujours vivant lorsque le générique de fin apparaît #Dontkillseanbean .
La bonne idée des personnages secondaires c'est de leur donner un écho sur Mars alors que le personnage s'y trouve seul, soit par la découverte des effets personnels de l'équipe Ares laissés sur place, notamment une playlist de musiques des 80's qui résonnera pour notre plus grand plaisir dans le désert martien pendant le film (un peu comme dans Seul au Monde ou un ballon Wilson échoué devient un personnage du film), soit avec des tentatives de communication et de bricolage à distance du matos de la NASA comme dans Apollo 13. Un jeu de ping-pong malin entre l'intrigue principale et les événements sur Terre qui donne un rythme intéressant.


La conquête spatiale, la conquête des salles
On ne peut pas ne pas comparer ce film avec ses deux derniers prédécesseurs Gravity et Interstellar. D'abord parceque le thème est commun, et aussi par cette volonté d'inclure du réalisme et de la vraie science dedans. Sur ce dernier point, je trouve le challenger un tout petit peu moins solide que ses deux aînés. Je passerai sur les côtés parfois un peu abusé du scénario (le scotch surpuissant, la bâche sas, Iron Man, la bombe pour ralentir) qui est tiré d'un livre déjà volontairement un peu romancé donc pas vraiment du ressort du film. En revanche j'ai été choqué par la qualité médiocre des chorégraphies des acteurs pour simuler la zéroG... On y croit pas, dommage. Également, le film se veut être dans un futur très proche, hors le look des vaisseaux spatiaux est en décalage total avec la réalité et le reste des décors du film. Si vous avez déjà regardé des images de l'ISS, alors vous saurez qu'aucun programme spatial ne permettra jamais d'avoir une salle de sport club med de 80m2 dans un vaisseau, et des environnement aussi vides dans les compartiments...
Au niveau symbole, comme dans Interstellar (voir ma critique), l'agriculture occupe une place de choix dans le film, mais alors que l'espace est le salut de l'humanité pour le premier, il est un lieu hostile dans le second et rejoint ainsi Gravity et son espace cauchemardesque (voir ma critique). Moins construit sur le symbole et les métaphores que le film de Cuarón, Ridley Scott se permet malgré tout quelques plans et réflexions contemplatives bienvenus et un clin d'œil botanique à la fin pour boucler avec le début.


Un film qui se regarde très bien, léger, divertissant et bien documenté, mais qui aura sans doute de la peine à se faire une place dans nos futures vidéothèques dans l'ombre de ses grands frères.
PS : au début il meurt. Ah non.

Créée

le 25 oct. 2015

Critique lue 402 fois

2 j'aime

Pierre dRy

Écrit par

Critique lue 402 fois

2

D'autres avis sur Seul sur Mars

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

163 j'aime

25

Seul sur Mars
Sergent_Pepper
7

La pomme de Terre vue du ciel.

Lorsqu’un cinéaste s’attaque à l’éternel silence des espaces infinis qui effrayait déjà Pascal, il tombe sous le poids d’une gravité insoutenable, celle du 2001 de Kubrick. On en a déjà beaucoup...

le 8 nov. 2015

121 j'aime

10

Seul sur Mars
Samu-L
8

I'm gonna have to science the shit out of this

Il y a une espèce de malédiction concernant la planète Mars au cinéma. Même les réalisateurs les plus talentueux se sont cassés les dents sur les bancs de poussière de la planète rouge. De Palma, et...

le 10 oct. 2015

105 j'aime

21

Du même critique

Simple Things
Pierre_de_Renty
10

Va y tu me lâches ton 07 ?

Zero 7, est-ce besoin de présenter ce groupe si génial avec zéro fausses notes et qui s’écoute 7 jours sur 7 ? Allez ! D’une, c’est moi qui rédige ce billet donc je fais ce que je veux, et de deux,...

le 3 mars 2016

3 j'aime

Star Wars - Le Réveil de la Force
Pierre_de_Renty
9

Le tour de Force de JJ Abrams

Après un bon gros somme de plus de 30 ans, avec un snooze de 10 ans en comptant la prélogie, la Force se réveille enfin pour ce 7ème épisode attendu comme le messie par des générations de fans et par...

le 16 déc. 2015

3 j'aime

Le Hobbit - La Bataille des Cinq Armées
Pierre_de_Renty
5

Le Retour du Roi des Deux Tours des 5 Armées

Ca y est, notre dernier voyage en Terre du Milieu, la Bataille des 5 Armées clôt la série heroic fantasy la plus connue et épique de tous les temps, c'est un peu historique quand même... Il fallait y...

le 20 déc. 2014

3 j'aime

6